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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 18:50

Dans la vie, tout le monde est amené à vivre potentiellement un ensemble d’événements difficiles et à devoir conduire ce que l’on appelle un deuil, c’est-à-dire la perte irrémédiable de quelque chose de très important :

 

  • La perte d’un être cher
  • Une séparation, un divorce
  • Un trauma qui fait qu’on pense qu’on a « perdu » quelque chose, qu’on ne sera plus jamais comme avant. Un grave accident physique par exemple ou une violence extrême.
  • Un statut social ou une situation (que l’on a perdu)
  • Un idéal qu’on a intensément souhaité atteindre et qui se révèle hors de portée,
  • Etc.

 

Il me semble que dans tout passage « difficile » à gérer il y ait un certain nombre d’étapes et que celles-ci sont associées à  une série d’états émotionnels devant se suivre en séquence et dont la succession logique est absolument  indispensable  à la rencontre d’un état émotionnel final que je pourrais qualifier « d’apaisé ».

 

En général, après une perte traumatisante est entamé, par la force des choses, un processus naturel de changement plus ou moins difficile mais dont les grandes étapes génériques sont les suivantes  et au cours desquelles peuvent être rencontrées des résistances (en particulier dans les premières phases où la personne « refuse » la réalité et peut dangereusement se « réfugier » hors de celle-ci).

 

Les phases peuvent être plus ou moins longues mais elles sont en général incontournables :

 

  1. Déni, refus de la réalité. 
  2. Résistance : inertie, révolte, colère, argumentation empêchant la suite du processus, etc.
  3. Décompensation : la personne vit un grand déséquilibre qui peut s’apparenter à une dépression. Elle comprend plus ou moins rapidement qu’elle a « perdu » irrémédiablement quelque chose d’important.
  4. Résignation. La personne accepte mais plus ou moins contrainte de fait. Il peut y avoir des accès de nostalgie, de tristesse.
  5. Intégration. La personne a complétement intégré le « nouvel état » acceptant la perte. Le changement n’est plus ressenti dans ses aspects négatifs. Il y a une acceptation du nouvel état et la personne peut se projeter dans l’avenir en partant de cette acceptation tangible de la réalité.

 

A mon sens les difficultés principales résident essentiellement dans le passage de 1 à 3 (de Déni à Décompensation) dans laquelle la personne peut se bloquer dans des états de refus de réalité ou pire de victimisation et puis ensuite de 5 à 6 où il importe de sortir la personne d’une forme d’apathie pour la projeter vers le futur.

 

Il est intéressant de voir comment les processus thérapeutiques (et je parle ici au sens large des processus thérapeutiques, ceux classiques en occident, et ceux qui le sont moins y compris les techniques d’apaisement qui appartiennent au domaine des religions ou du symbolisme sorcier ou chamanique) gèrent cela.

 

Pour ce qui est de certaines pratiques que j’ai expérimenté au travers de la confession catholique (alors que j’étais enfant), de l’hypnose ericksonienne (alors que j’étais apprenti-sorcier) et ensuite lors de la récapitulation chamanique (alors que j’étais devenu un honorable sorcier) , les processus de deuil accélérés et de pardon s’apparentent. Dans les deuils et les pardons, il faut aussi, essentiellement savoir « se pardonner »… Mais cette symétrie entre nos états intérieurs et le monde extérieur est une évidence à quiconque a pu progresser sur les difficiles chemins du développement personnel et de la thérapie.

 

On peut modéliser les étapes génériques de soins de la façon suivante :

Nota : L’ensemble des étapes peut être encadré par un « rituel » qui permet de se situer hors de l’espace et du temps habituel, pour rejoindre quelque chose de « spécial » et entièrement dédié à l’atteinte du but visé. Il s’agit  pour pour donner souligner l’importance de ce qui est traité, honoré, perdu, de s’investir corps et âme dans le rite de guérison afin d’en maximiser les chances de succès (par effet de surimpression émotionnelle positive).

 

  1. Reviviscence au plus près de la situation source (par la mémoire, la discussion avec des proches, le rangement de la maison du défunt et la reconnaissance de ses objets, le nettoyage de lieux ayant connu une histoire « terminée », la reconstitution biographique, l’écriture de mémoires, la constitution d’un album photo, etc…). Il importe là de se rapprocher au mieux de la situation source. (pour cela les « états de transe » sont extrêmement puissants mais doivent être pilotés avec sensibilité, sans influence parasite externe (projections, faux souvenirs etc...) et avec le « dosage » adéquat pour éviter un ré-ancrage par réactivation trop forte de la douleur.

 

 

  1. Désensibilisation. Celle du ressenti de la situation problématique. Cette désensibilisation peut être plus ou moins rapide. Elle est très lente à mon sens dans le processus psychanalytique par exemple. Plus rapide (et plus dangereuses si mal conduite) dans de violentes catharsis que l’on peut croiser en ethno-psychiatrie (cérémonies vaudou, exorcisme, récapitulation chamanique, RHV (reconstruction d’histoire de vie) en hypnose etc…).Techniquement, la désensibilisation peut être accompagnée de pratiques corporelles ou « d’exercices mentaux » favorisant la dissociation entre l’expérience traumatique et sa reviviscence. La respiration est un puissant vecteur d’apaisement par exemple.

Il existe 400 pratiques thérapeutiques répertoriées et chacune a sa « technique » de désensibilisation. Cela va depuis les quatre Notre-Père et les deux Je vous salue Marie pour obtenir un pardon, à la thérapie par le sens de Victor Frankl (qui aide à trouver un sens à notre parcours si difficile soit-il…). Toutes ces pratiques font du bien.

 

 

  1. « Couper  le lien, Dire "au revoir" ». Une fois le sentiment d’apaisement ressenti, dire « au revoir» à la personne, à la situation, à son membre amputé, à son parent cher, à son état précédent. Souhaiter le meilleur à l’absent, à la personne autre qui est partie, à celle qui nous a profondément blessé dans le processus de Pardon. Savoir aussi se pardonner en reconnaissant qu’on « était autre » à l’époque et qu’on a fait ce qu’on a pu en fonction de notre état de développement d’alors.

 

 

4. Positiver en Imaginant si possible des « terminaisons » positives à ce qui s’est passé ou au moins éprouver un grand soulagement à voir le deuil effectué. Si cela est nécessaire pardonner en pensée imaginer la personne concernée heureuse (en la visualisant) du mieux possible, ou soi-même guérit. Il s’agit ici de « positiver » émotionnellement ou au minimum de considérer les choses dans un état très neutre et sans ressenti négatif, de cultiver la tendresse et la bienveillance (équanime comme dirait un maitre de méditation bouddhiste Vipassana) afin que la globalité de la séquence de traitement du deuil se termine par une cautérisation émotionnelle positive.  (Ce point est important pour "éviter" la dispersion énergétique causée par les sentiments négatifs et les réminiscences, ruminations et autres, lors de la re-mémorisation de l'événement traumatique)

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 11:48

Dans la vie professionnelle ainsi que la vie quotidienne nous pouvons être amenés à faire des « feed-backs », c’est-à-dire donner notre avis à des personnes à des fins d’amélioration, de progression personnelle. Les avis et conseils peuvent être amicaux, thérapeutiques, professionnels, divers. Parfois, l’exercice peut s’avérer très difficile, notamment lorsque ce que nous avons à dire concerne des personnes très proches, par exemple dans l’environnement familial.

 

L’émotion dans laquelle est donné le feedback et la forme du feed-back lui-même, peuvent être contrariants ou jugés agressifs. Parfois à juste titre d’ailleurs.

 

Lorsque nous voulons conseiller des enfants, des adolescents, des amis ou de façon plus distanciée (émotionnellement) des relations professionnelles ou encore des « patients » dans le cadre de coaching ou de thérapie, y-a-t-il de bonnes manières d’émettre ces conseils, ces feed-back, c’est-à-dire de faciliter l’écoute et l’intégration de ceux-ci ?

 

Oui, bien sûr…

 

Que l’on soit l’émetteur ou le récepteur du feedback, il est tout d’abord très important d’apprendre à séparer les faits observés et commentés, d’un jugement sur la personne. On parlera essentiellement de comportements observables, de faits avérés, évidents, sans les qualifier avec des termes à connotation négative (mauvais, mal, nul etc…).  

A titre personnel j’ai beaucoup pratiqué le feedback que ce soit dans le cadre de mes activités de management, de coaching ou encore de conseils amicaux. Ma façon naturelle de faire est d’être assez « direct » notamment avec ma famille ou mes amis proches.  J’ai souvent pensé que la sincérité « brute » était une marque de respect des personnes, et d'authenticité de ma part.  Pour les personnes que je qualifie « d’adultes »  au sens où elles peuvent avoir du recul sur elles même et entendre les choses sans y mettre trop d’émotion, cette façon de faire marche bien en général. Certains aiment être secoués pour avancer. Mais vis à vis de la majorité des autres personnes ce n’est pas forcément une bonne chose d'être trop "brut et direct" si l'on raisonne en terme utilitariste d'efficacité, car le feedback peut être interprété comme un jugement négatif sur leur personne et provoquer le rejet. Quand on souhaite que les gens puisse s'améliorer il est évidemment contre-productif de les braquer... (Nb: d'où parfois dans des cas particuliers l'intérêt du détour par le biais de la métaphore).

 

Dans le domaine du management, du coaching et de la thérapie,  j’ai généralement pris plus de gants (probablement parce que je prenais un état mental distancié et méthodique propre au cadre professionnel et que j'étais soucieux de l'efficacité de mon action) et j’ai donc appliqué avec succès une méthode apprise des années plus tôt dite du « Sandwich ».  

 

Pour filer la métaphore imagée, les ingrédients nutritifs du sandwich, importants, se trouvent à l’intérieur, entre deux tranches de pain plus ou moins épaisses, mais qui vont rendre l’ensemble plus agréable à déguster.

 

La technique du feedback en Sandwich consiste donc à :

  • Donner une remarque générale positive.
  • Donner au maximum trois commentaires spécifiques de points sujets à amélioration.
  • Donner deux ou trois exemples spécifiques de choses constatées, positives et encourageantes pour la personne.

 

 

Exemple professionnel d’un Directeur Technique faisant un point avec un Chef de Projet :

 

  • Damien, je suis globalement très satisfait de la façon dont tu as managé l’équipe de projet ces trois derniers mois. Tu as bien progressé dans le métier de chef de projet et c’est reconnu par le client. Tu pourrais certainement encore améliorer les choses en :

 

  • Rédigeant systématiquement des Comptes Rendus après les réunions téléphoniques. Cela te fera gagner du temps au final car ça évitera que ce qui a été accepté ne refasse l’objet de discussion et de négociations.  Ca améliorera aussi ta capacité à bien écrire. ..
  • J’aimerais que tu me tiennes informé en temps réel quand tu rencontres des difficultés avec Monsieur Martin en particulier. Je sais qu’il n’est pas facile et que les réponses à lui donner sont délicates…
  • Quand il y a des surcoûts et dérives financières par rapport à ce qui est prévu, il faut m’en avertir le plus tôt possible, ainsi que le client afin déviter les surprises (comme celle de mardi dernier)…

GLOUP GLOUP GLOUP (digestion)

 

  • Sinon, j’ai vu que tu avais organisé une excellente réunion d’équipe le 12 avril dernier avec un compte-rendu détaillant les prochaines actions de chacun et les échéances. C’était vraiment « Pro » !
  • J’ai aussi pu constater que Patrice et Rémi travaillaient beaucoup mieux ensemble suite à la redéfinition de leurs rôles et responsabilités. C’est super,  continue comme ça !

 

 

Cette pratique du Sandwich, qui peut être considérée comme « gentiment » manipulatoire  (car malgré la mise en condition il n’y a pas d’intention dissimulée et il ne s’agit absolument pas de mentir surtout pour les éléments « positifs »)  permet de faciliter très fortement l’intégration du feedback en mettant la personne dans un état d’esprit d’écoute positive.  Un état émotionnel positif favorise fortement la réception de commentaires et leur appropriation.

 

 

Cette façon de faire, peut-être (devrait être)  appliquée dans tous les types de feedbacks. Les deux tranches de mie de pain amortissent non seulement les chocs, donnent une saveur agréable à l’ensemble et surtout favorisent le transit…

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 20:33

Par l’acte d’écrire, plus encore que la parole, les pensées confuses, encore embryonnaires en nous, prennent forme, consistance, vie. Par la possibilité posée de la relecture et  du re-travail, ces pensées  peuvent être ciselées, révisées, pour correspondre au mieux à ce que nous voulons le plus intimement exprimer.

 

Ecrire à l’argile des mots est un travail noble et porteur de grande potentialité comme celui d’un accouchement. Il peut être laborieux, douloureux ou rapide mais constitue toujours une libération.  On parle parfois d’écrivains qui « écrivent avec leurs tripes ». Métaphore appropriée pour signifier la douleur, le soulagement et l'engagement.


Le travail d’écriture est toujours thérapeutique. On écrit  pour soi mais aussi pour un autre ou pour des autres, souhaitant ou non un "retour".


L’acte d’écrire peut-être aussi dans des cas extrêmes vécu comme un exorcisme. J’aime beaucoup le film Paranoïd Park de Gus Van Sant , cinéaste meilleur que quiconque pour parler de l’adolescence. Dans ce film, le jeune Alex commet un crime sans le vouloir. Alors qu’il est monté dans un wagon de marchandise, un gardien le repère et veux le frapper. Pour se défendre, il lui assène un coup de skateboard. Le gardien tombe sur la voie et est « coupé » en deux par un train… Alex ne semble pas pouvoir « réaliser » complètement ce qui s’est passé durant cette scène traumatique et entreprends d’écrire dans un cahier ce qui lui est arrivé, comme si c’était une histoire autre, qu'il nomme  « Paranoïd Park » du nom du lieu où le terrible accident s'est passé.  Plus tard une amie d’Alex, Macy, voyant son désarroi lui conseillera d’écrire une lettre pour se libérer de ce qui lui pèse :  il suivra les conseils de cette dernière et déchirera les pages de son cahier pour en faire une lettre qu’il brulera ensuite sur la plage. Cet acte symbolique, cathartique, sera vécu comme une délivrance.


En tant qu’écrivain, donner vie à des personnages très différents peut être l’occasion de « pousser » ses propres contradictions  complexes et de voir en témoin  curieusement dépossédé  par ses créatures devenues autonomes par la magie de la possession littéraire, à quelles extrémités parfois dramatiques elles mènent.  Ainsi la naïveté quasi sainte et aveugle pourra elle être confrontée par exemple au cynisme le plus réducteur.  L’écriture d’un roman peut être l'occasion d'une réconciliation avec soi-même, d’une meilleure compréhension de ses propres tendances, d'une acceptation.


On peut écrire pour soi essentiellement, pour se clarifier, mais aussi pour souhaiter être lu, partager. Je crois qu’un véritable artiste écrivain écrit essentiellement pour exprimer quelque chose d’important en lui et que le public dans cet acte créateur n'est pas ce qui prime.  Bien sûr une bonne réception de l’œuvre lui sera agréable, mais mineure par rapport à son propre jugement de lui-même, à l'enjeu de l'enfantement de l'oeuvre. 


On peut écrire aussi avec des correspondants ou sur un forum public pour souhaiter être lu. Les réponses et les questions vont « obliger » à clarifier la pensée, à prendre position. Ce peut être là aussi un véritable travail thérapeutique et le fait même de pouvoir dans ses positions ou « profession de foi » être pris à témoin, recevoir un « feedback » va parfois aider à uhe prise de conscience, à une mise à distance, à une défusion émotionnelle, au deuil, et  permettre éventuellement un changement de comportement.


Ecrire pour soi, Ecrire à un correspondant, Ecrire a un groupe, avec ou sans feedback est  dans tous les cas un acte personnel très fort, engageant, qu’il faut considérer avec le respect qu’il mérite, comme tout acte créateur, pour sa potentialité de changement, de développement personnel.


Nota Bene : l’excellent magazine Wired a publié il ya quelques mois un article très intéressant sur les mécanismes de feedback comme moteurs du changement comportemental  et je pense que l’écriture avec feedback rentre parfaitement et de façon puissante dans ce cadre.

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 19:57

Une des phases essentielles de la Thérapie me semble relever de "l'Acceptation". Qu'est ce à dire ?

 

On a coutume de dire dans les thérapies brèves que ce sont les tentatives de résolution du problème - qui peuvent revêtir différentes formes - qui entretiennent bien souvent le problème.

 

C'est particulièrement vrai pour les émotions, sensations gênantes, ruminations, fatigues, douleurs  et autres gênes etc...

Lorsqu'elles apparaissent, les personnes par une réaction "normale" et une louable volonté de guérir, cherchent absolumment à les supprimer, à les faire disparaitre en faisant des efforts . Redoutant parfois par anticipation, régulièrement, que celles ci ne réapparaissent, et fassent irruption à leur insu. 

 

Comme le disait Montaigne dans "Les Essais", "Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint"...

 

Or, pour les pensées parasites par exemple, un certain nombre d'études ont montré - et l'expérience personnelle le prouve assez facilement - que plus on essaie de ne pas penser à quelque chose et plus on y pense en fait . Il est impossible de ne pas penser par exemple à un "éléphant rose", une fois qu'il a fait irruption dans un train de pensée. Comment le faire disparaitre quand il occupe déjà la pensée, cet éléphant rose dans le désert, même s'il ne correspond à aucune réalité ? 

 

Cette incapacité a controler nos pensées est due pour une bonne part à la "puissance" du langage, celui ci pouvant par "contamination" assez facilement mettre en relation des sensations, idées, événements divers, dont certains douloureux. La capacité d'association du langage peut assez facilement donc faire resurgir les fantômes par le biais des pensées associatives...Par exemple cette mère de famille en pensant au mot "Juin" dans un contexte particulier pourra subitement ruminer le décès de son père un mois de Juin d'une année précèdente auquel elle n avait pu assister et se sentir coupable...

 

Les stratégies personnelles de "contrôle" de nos émotions et pensées parasites s'avèrent totalement impuissantes, augmentant par effet de feedback le problème - c'est par exemple le cas de la personne hyper timide qui doit faire un exposé à l'oral et qui plusieurs jours à l'avance stresse, n'en dort plus la nuit, en se disant qu'elle ne doit surtout pas trembler et a peur de se retrouver ridicule en public du fait d'un "vide" lors de sa présentation etc... -

 

Cette pensée même, va amplifier le problème, et s'avérer auto réalisatrice dans la majorité des cas. Notre éducation, entrenue par le langage nous apprend ce "qu'il faut faire" en toute circonstance. Et nous avons tendance a suivre automatiquement ce que le langage nous dit, bien qu'il puisse nous faire perdre contact avec les conséquences désastreuses de ses prescriptions.  En entretenant par exemple des stratégies d'évitement des pensées et des émotions, contre-productives pour le développement futur. L'incitation a controler sa peur, sa colère, ses pensées percçues comme négatives, ses émotions douloureuses, s'apprend très jeune. Nous nous interdisons, pour faire bonne figure, à les montrer.  Cette rigidité, cette perte de flexibilité semble être un dénominateur commun aux troubles psychologiques.

 

 

Or, la présence d'événements psychologiques désagréables est propre à la condition humaine. On peut même dire que cette capacité a éprouver des émotions, qu'elles soient agréables ou désagréables, a une utilité qui a été sélectionné par l'évolution. Il faut prendre ces émotions, sensations, douleurs etc. pour ce qu'elles sont : des messages.

 

Ce n'est pas la présence d'événements psychologiques difficiles qui constitue le "trouble psychologique", mais plutôt la lutte permanente, incessante et épuisante contre ces événements qui "est" ce trouble. Ce qui peut différencier une personne "malade" d'une autre c'est ce "qu'elle fait" de ces événements psychologiques. Si la lutte contre les émotions et sensations est  sans fin, c'est son intensité épuisante  qui va faire passer de la douleur (composante inéluctable de la condition humaine) à la souffrance.

 

En tentant d'éviter la douleur par différentes stratégies d'évitements expérientiels, la personne va certes résoudre ses peurs, émotions génantes  à court terme, mais en se privant de réalisations importantes et salutaires pour elle à moyen et long terme. Elle va se priver de son potentiel de développement, libéré.  Bien sûr, tous les évitements ne sont pas pathologiques, mais il importe de se demander lors d'un évitement de quoi l'on se prive au final...

 

L'évitement peut donc conduire à une perte de flexibilité , à une diminution du répertoire comportemental et donc à une réduction de "possibles" qui peuvent s'offrir à la vie dans différentes situations potentes.

 

Il convient donc, lorsque l'on croit - comme moi -  que la thérapie vise essentiellement a augmenter les possibles des Patients à faire le maximum pour augmenter leur liberté de choisir en augmentant les comportements possibles pour qu'ils puissent mieux conduire et choisir  leur vie, et les aider donc à repérer, à débusquer ces évitements limitants. Et à leur démontrer les conséquences délétères à moyen et long terme de ces mêmes évitements.

 

La thérapie va sensibiliser le Patient aux conséquences de ses actes, de ses comportements. Elle va l'aider à mettre en perspective ses bénéfices à court terme (éphémères) par rapport aux bénéfices potentiels et supérieurs à moyen et long terme qu'il pourrait obtenir sans l'évitement - en acceptant volontairement l'exposition expérientielle à court-terme accompagnée par son inhérente douleur. En acceptant volontairement et sans l'éviter cette douleur.

 

Lorsque le Patient "comprend" qu'il ne débarassera pas de sa douleur  et de ses gênes et que le thérapeute ne peut rien pour lui à ce niveau là , il peut et il va, dans la majorité des cas, vivre une phase de désespoir.  Car il va réaliser que tous les efforts qu'il a menés jusque là, si louables soient-ils, ont été vains, et plus encore ont pu même entretenir le problème.  Le Patient a pu penser bien faire et il importe que le thérapeute fasse preuve alors de pédagogie et soit très présent à ce moment là de la thérapie pour montrer au Client que l'énergie dépensée dans son combat à éviter ce qui le gêne à court terme, pourrait "par l'acceptation"  distante de ses émotions et gênes, être récupérée et mobilisée vers "autre chose" qui ai vraiment du sens pour lui. Cet "autre chose", qui compte réellement pour le Patient, qui va pouvoir donner du sens à son existence, va être alors l'objet du travail commun du Patient et du Thérapeute, une thérapie sur le Sens et l'Action.  Le Patient va devoir d'abord faire douloureusement le deuil de son "combat" court-termiste contre ses émotions, pensées parasites, douleurs, et leur laisser la "porte ouverte" comme des visiteurs habituels, vus comme des éléments familiers, même s'ils sont très désagréables et apprendre à les reconnaitre, les observer, les laisser vivre sans les combattre. Ils se feront moins fréquents et intrusifs du fait même du lacher prise. La guérison ne signifie donc pas du tout la suppression des gênes, mais au contraire leur acceptation distanciée qui va permettre dans le temps leur réduction et leur "oubli" de plus en plus fréquent.

 

Accepter, au sens éthymologique "Acceptare" veut dire "recevoir". Il va falloir apprendre au Patient, è développer l'observation de lui même "comme un autre" et à accueillir ce qui se présente avec détachement .  Il s'agit d'apprendre au Patient a entretenir par rapport à ses événements personnels une "curiosité détachée comme celle que peut avoir un enfant pour un insecte enfermé dans un bocal".  (Nota : la philosophie orientale enseigne le détachement ( Cf bouddhisme) et un certain nombre de pratiques la mettent en oeuvre comme le Yoga ou la Meditation par exemple).

Cette acceptation va constituer dans bien des thérapies, le changement essentiel et nécessaire du Patient  vers la guérison. Un point de vue différent sur ses émotions et ses problèmes personnels va être possible par l'acceptation et l'observation fine de soi-même, un peu plus neutre. Equanime comme disent certaines pratiques. 

 

Je terminerai cet article par une métaphore sur les sables mouvants :

"imaginez que vous marchiez en terrain marécageux et que vous vous trouviez pris dans des sables mouvants. Si vous vous débattez et essayez vivement de vous sortir de ces sables mouvants, que va t-il se passer ?. Quand on cherche à s'extraire des sables mouvants en se débattant, le résultat est qu'on s'enfonce davantage et plus vite.  La meilleure stratégie consiste au contraire a ne pas trop bouger et à faire "contact" le plus possible avec la surface, à faire "corps" avec le sable mouvant dans un premier temps, en l'acceptant pour mieux s'en dégager progressivement "

 

L'acceptation est l'une de Clefs de la Thérapie.

 

 

 

 

 


 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 21:03


Un certain nombre de méthodes de manipulation reposent sur l'utilisation d'une tension sciemment créée par le manipulateur et sa résolution ultérieure apaisante. Le moyen utilisé pour faire baisser cette tension étant bien entendu l'objectif visé par la manipulation. C'est le cas par exemple de "La Porte au Nez", technique présentée précèdemment, en deux étapes, dont la première consiste en une demande exagérée, exhorbitante, mais qui est suivie peu après par une demande plus réaliste raisonnable. La première demande va faire monter une tension (liée au refus et à la culpabilité éventuelle du répondant) et la deuxième va permettre une baisse résolutoire de cette tension en accèdant à la demande réaliste.

Lors du début de ma carrière j'ai travaillé comme consultant international pour une société américaine et ai pu bénéficier pour l'occasion d'excellents cours de vente dont l'un avait pour acronyme SPIN (Situation, Problem, Implication, Need). Durant un mois nous nous sommes entrainés, lors de moultes jeux de rôles, à utiliser cette méthode pour simuler des ventes de solutions complexes. Il m'apparait aujourd'hui que cette méthode utilise par excellence la génération de tensions, les poussant à leur paroxysme, pour mieux les résoudre par la suite dans l'acception de solutions apaisantes.

En dehors de l'aspect rationnel et argumentatif de la vente où la raison est engagée, il me parait important dans cet exemple  de noter la séquence émotionnelle utilisée lors du déroulement de cette méthode, que je vais détailler ci-dessous.

S : Situation

Il s'agit là, lors de la rencontre initiale avec le client, de présenter les sociétés, de rappeler le contexte et l'objet de la rencontre, d'aborder les projets potentiels dans les grandes lignes.
=> Cette phase est émotionellement neutre, elle vise a établir le contact.

P : Problem
En questionnant le client sur ses projets, ses objectifs, ses besoins, sa situation, il s'agit de détecter des problèmes et de les mettre en exergue.

 

Exemple : "Le système est en sous-capacité, il y a des pannes répétées lors qu'il est trop sollicité. De plus les utilisateurs réclament des fonctionnalités supplémentaires. L'entreprise va se développer à l'étranger est il est important que la consolidation financière puisse se faire... Les coûts de communications doivent être maitrisés. Aujourd'hui chaque entité les gère de façon indépendante et nous n'avons pas de visibilité sur la facture globale..."
=> Cette phase ci crée une tension. Le vendeur identifie les problèmes et pose des questions supplémentaires sur ceux ci...

I : Implication
Le vendeur en demandant des informations supplémentaires sur la problématique va faire prendre conscience au client des conséquences du non traitement potentiel de ces problèmes. Il va ainsi les faire "mousser"...

 

Par exemple : "Le système est en sous-capacité ? Comment faites vous pour accueillir les nouveaux utilisateurs ? Que se passe t-il alors ?"  (il est probable que les délais soient longs, que les utilisateurs soient mécontents et peut être qu'une Direction interne cliente soit mécontentes des services fournis par la DSI...).

 

Le vendeur doit appuyer "là où ça fait mal" afin que son interlocuteur exprime pleinement ses besoins, et souvent par ce fait même en prenne pleinement conscience, transformant ainsi par la verbalisation ses besoins implicites en besoins explicites.
=> Cette phase est comme un accouchement, assez douloureuse, la tension va atteindre son paroxysme.  Le vendeur va faire "spinner" (tourner sur lui même) le Client autour de chacun de ses problèmes/conséquences.

 

N: Needs

Une fois les problèmes énumérés, et les besoins explicités par le Client lui-même, le vendeur va les reformuler un par un. La reformulation va être l'occasion d'obtenir du Client des séquences d'acceptation similaires aux "Yes Set" en hypnose.
Pour vérifier son efficacité dans cette phase, l'objectif d'un vendeur débutant peut être par exemple de "compter" le nombre de "oui" du Client...

Par exemple :
- "Si je comprends bien, il faut que d'ici Février la capacité du système passe à 200 utilisateurs simultannés pour la filiale parisienne avec des temps de réponse inférieurs à 1 seconde et une
disponibilité de 99%, c'est bien celà  ?"
- "Oui"
- "Et la transformation doit se faire sans interruption de service pendant les heures et jours ouvrés ?"
- "Oui"
etc.

=> Cette phase est une reconnaissance par le Client de ses besoins. Psychologiquement elle constitue déjà un fort apaisement car la situation problématique est acceptée et reconnue et le Client. Il a le sentiment d'être compris lors de la reformulation par le vendeur. Il peut ressentir un  sentiment de maitrise rassurant après l'inconfort précèdent. 

Une fois que le Client est passé par ces étapes, le Vendeur peut passer à ce moment à l'étape ultérieur d'ébauche de solution (s) proposée (s). Le Client est déjà préparé à écouter avec attention les propositions de solution qui vont l'aider à résoudre sa problématique en toute confiance et sécurité.  La participation maximale du Client dans la résolution de sa propre problématique va l'engager, le conduire à l'action et lui permettre de s'approprier la Solution proposée.

 

Il s'agit aussi d'orienter le Client vers l'avenir et de lui faire "voir" et "ressentir" le plus possible l'état satisfaisant après la mise en place de la solution (comme dans la futurisation hypnotique).



En Synthèse, le chemin émotionnel parcouru le long de cette méthode est :


- S - (Situation) :  Prise de contact ouverte - Emotion neutre
- P - (Problem) : Détection des problèmes et explicitation - Emergence du Stress
- I - (Implication) : Prise de conscience des conséquences des problèmes. Transformation besoins implicites en explicites - Montée crescendo du stress.
- N - (Needs) : Reformulation et acceptation des besoins. Sentiment d'être compris et début de maitrise - Apaisement
- S - (Solution) : Ebauche de solution - Passage à l'action et engagement du Client dans la construction de la Solution - Prise de confiance - Sentiment de sécurité, confort. Projection de soi
positive.


Cette méthode (SPIN) illustre à merveille, selon moi, l'utilisation de la tension suivie d'un apaisement dans la vente et la résolution de problèmatiques -éventuellement thérapeutiques . Je l'ai beaucoup utilisée au cours de ma carrière dans des situations de vente, de négociation, d'entretiens d'embauches et de traitement de problèmes que l on me soumettait. Je l'ai aussi utilisée lors de pratiques thérapeutiques, durant des phases d'anamnèse pour que le patient puisse ressentir suffisamment les conséquences d'un problème, ces conséquences dépassant alors par leur inconfort ce qui peut être dénommé "bénéfices secondaires" (bénéfices que le Patient a en "gardant" son problème).

Si elle est utilisée (et cela reste une manipulation) dans une intention "positive" et constructive face à des problèmes/besoins réels d'un Client ou Patient cette technique peut être vraiment un levier puissant de passage à l'action,  résolutoire.

La prise de conscience des besoins (implicites en explicites), l'acceptation et la reconnaissance de la situation (sans déni) ainsi que la transformation du stress en énergie positive orientée vers le futur agissent alors comme de véritables moteurs de changement. 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 21:09

Là, on aborde un sujet qui est très peu documenté. Ayant fait des recherches sur Google sur "Manipulation et Confusion", je n'ai pas trouvé grand chose, malheureusement. Et pourtant, la Confusion me semble être un élément essentiel, un ingrédient puissant pour préparer une phase ultérieure de manipulation effective. On peut parler ici de conditionnement de l'état mental, visant à abaisser le niveau de vigilance de la personne et à lui faire perdre son sens critique. 

 

La Confusion est surtout utilisée, de la façon la plus évidente, à la télévision. On peut parler à son sujet de confusion provoquée sur le sens même des choses, sur les importances respectives des informations, sur les émotions suscitées (La télévision cultivant essentiellement des pathologies telles que la paranoïa, la perplexité sexuelle et l'envie) . C'est particulièrement vrai au sein du journal télévisé où un flux d'information arrive vers un spectateur passif condamné à absorber le torrent de merde concocté sciemment. Il est alors impossible à ce dernier de faire une pause pour analyser et prendre du recul par rapport à cette information, la creuser, la mettre en perspective, questionner sur les source etc.

 

En tant que téléspectateur, le flux de ma propre conscience doit s'adapter en réception au flux imposé par l'émission d'images et de sons télévisuelle. Cette synchronisation "obligée" entre émetteur et récepteur va pour partie provoquer mon adhésion  inconsciente à ce que je reçois. La télévision moderne aliène en empêchant, par son bombardement d'images incessant en mode zapping, l'esprit critique. Elle sollicite de plus essentiellement des réactions émotionnelles peu propices à l'analyse rationnelle.  Le flux d'information émis est par ailleurs indifférencié. C'est vrai aussi pour les séries télévisées et l'on analyse en communication ces structures formelles de contenant appellées "monoformes". (Un monoforme est la  structure narrative type dans laquelle on va placer du contenu). Les monoformes modernes sont très saccadés, mixent les sujets en passant du coq à l'âne sans cohérence apparente. Une image en chasse une autre, une information supplante dans l'esprit du télespectateur la précèdente, tout est traité sur le même ton et rapidement : depuis le viol de la jeune fille dans son village tranquille, au sommet du G20, en passant par la tempête et ses vagues de 3m en méditerranée et la préservation du Chabichou dans le Poitou. C'est un grand lessivage mental qui n'a d'autre but comme le disait le cynique et néanmoins honnête pour la circonstance  Patrick Lelay, que de préparer du temps de cerveau disponible à la prochaine influence à visée consummériste exercée par la publicité.

 

La confusion télévisuelle agit  donc comme une sorte de drogue lénifiante où la vigilance est abaissée, le sens critique réduit. Techniquement de plus, le faisceau télévisuel peut être considéré comme hypnotique dans la mesure où il sur-sollicite "la réaction d'attention" alors que le reste du corps demeure immobile. Cela fait bien sûr penser aux techniques d'inductions hypnotiques où il est demandé au patient de rester immobile et de fixer son regard sur un objet ou sur les yeux de l'hypnotiseur tout en écoutant ses paroles confusionnantes. 

 

Les "zapping" permanents de plans séquences ou de contexte dans la narration sollicitent cette réaction d'attention à répétition et finissent par faire "lacher prise", c'est à dire laisser faire, se laisser aller, en abaissant le seuil de vigilance.  La fréquence cardiaque s'abaisse, la fréquence du cerveau se modifie (variation des ondes alpha) - et cela, avec la répétition de ruptures fréquentes a le même effet que ce qu'on appelle "le fractionnement" (ou approfondissement) en hypnose, c'est à dire des remontée  de vigilance soudaines qui permettent de redescendre plus encore dans la passivité de la transe. Lors de ces dernières années, les émissions télévisuelles et films, ont vu leurs plans séquences être raccourcis de plus en plus, entretenant ainsi un effet de zapping permanent qui induit un véritable lavage de cerveau hypnotique, et  qui conduit des millions de spectateurs passifs a rester des heures devant leur poste allumés, abreuvés d'informations en boucles ou de séries télés sans vraiment pouvoir s'en détacher. Ceux ci ressortent fatigués de leur séance quotidienne sans vraiment avoir la mémoire de ce qui s'est passé, mais pleins des suggestions discrètes qui n'attendent que la prochaine sortie "en magasin" pour se réaliser.

 

J'ai présenté dans d'autres articles des techniques de confusion hypnotiques par le "n'importe quoi" comme le Shaggy Dog qui demande un véritable culot et entrainement. C'est plus marrant et réservé aux véritables pros ayant le sens de l'humour...

 

J'ai pu remarquer dans ma pratique répétée de la négociation en entreprise l'importance de la confusion dans le domaine de la manipulation (vente, négociations difficiles, engagement), en particulier avec les personnes très rationnelles et pinailleuses, analytiques, exigeant naturellement force de détails avant de prendre une décision.

 

Il s'agit par exemple pour le manipulateur de prendre et de garder la parole dans un discours sans pause, en le saturant, pour donner des explications très variées tout en allant assez vite. Il faut à ce moment prendre le risque habile d'entrainer les personnes sur des sujets qu'ils ne maitrisent pas vraiment, tout en mélangeant par exemple des domaines que les personnes ne peuvent comprendre ensemble, techniques, financiers, juridiques, généraux . Ceci  tout en digressant et en encastrant les sujets abordés - qui peuvent ne rien avoir à voir entre eux  - pour ensuite les reprendre tous un par un et les terminer correctement en donnant un semblant de logique au discours global (structure de descente et de remontée complète d'un escalier (comme présentée ici dans un article sur l'amnésie) ... 

 

Beaucoup de personnes n'aiment pas admettre, surtout en public, qu'elles n'ont rien  compris de ce dont il était question et il est fort probable qu'a ce moment la les interlocuteurs se "rendent" un a un, c'est à dire abaissent leur sens critique pour finalement accepter ce qui est proposé ultérieurement. La confusion aura ainsi fait son effet.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 20:27

 

Nombre d'expériences ont montré que ce qu'une personne peut dire ou faire peut être conditionné par ce qu'il a vu, entendu ou ressenti, éventuellement de façon inconsciente, juste auparavant.

 

Une célèbre expérience sur cet effet - dit d'amorçage - a été menée en 1977 par Higgins, Rholes et Jones. Il s'agissait dans un premier temps (1ere expérience) de proposer à deux groupes d'individus séparés de lire une liste de mots et d'essayer de la retenir. Les listes proposées à chacun des deux groupes étaient identiques, hormis pour l'un des mots remplacé par "aventurier" dans le 1er groupe et par "inconscient" dans le 2eme groupe.  Puis, un peu plus tard, les deux groupes étaient réunis et assistaient ensemble à une conférence dans laquelle un navigateur expliquait son proche projet de traverser l'Atlantique avec un simple dériveur...  Lors de cette deuxième expérience, il était demandé à chacun des membres de l'assistance de qualifier le projet exposé. Les personnes du premier groupe ont alors utilisé très souvent le terme "aventurier" , alors que ceux du deuxième groupe ont plutôt choisi le terme "inconscient" pour qualifier le projet... En conclusion, la première expérience a fortement conditionnée l'évaluation demandée lors de la deuxième expérience, et ceci sans que personne n'en ai pris conscience.  L'amorçage s'est révélé très efficace.

 

Il apparait donc très utile, dans le cadre d'une vente ou d'un entretien d'embauche par exemple, de considérer les mots ou qualificatifs que l'on souhaiterait que le Client ou l'Employeur retienne à propos de notre proposition ou de nous mêmes. Et d'en parsemer alors le discours, avant même  que le "vif du sujet" ne soit abordé. Il s'agit alors de créer un contexte favorable à la présentation ou négociation. Les Mots-Clefs, même s'ils ne sont pas perçus avec attention vont néanmoins se présenter beaucoup plus aisément à la mémoire ensuite, lorsqu'il sera demandé à la personne une évaluation, un jugement, ou encore une décision d'achat ou d'embauche.

 

Il ne faut absolument pas craindre dans un acte de vente d'avoir un discours redondant, de répéter les mêmes mots. La répétition est réputée être, avec raison, un puissant outil de persuasion.

 

De façon, plus discrète, subtile, en hypnose, on peut lorsque l'on veut faire passer un message inconscient, marquer analogiquement certains mots ou certaines séquences de mots. C'est à dire les prononcer de façon légèrement différente par rapport au ton de voix utilisé habituellement.  La suite de mots marqués ainsi peut constituer une suggestion cachée.

 

Par exemple : Et... c'est tellement agréable de pouvoir se laisser aller...là...tranquillement et de fermer(z) les yeux ....comme ça...

On parle alors de "saupoudrage" ou "seeding"; on pourrait aussi dire dans le monde publicitaire "message subliminal".

 

Il me parait aussi très important d'ajouter que, en dehors des mots, tout ce qui est de l'ordre du para-verbal dans la communication (c'est à dire autre que le dicours) a une importance extrême pour "faire passer" une intention, influencer.  Il s'agit par exemple du ton de la voix, de son débit, de sa continuité, de sa chaleur, mais aussi de la gestuelle et des émotions qui peuvent se "lire" inconsciemment sur le visage.

 

Au delà donc du discours interprété et jaugé à l'aide de la raison par l'interlocuteur, quelque chose de l'ordre de la communication émotionnelle, inconsciente, vient donc colorer le discours. Ces dernière composante s'avère déterminante dans la communication d'influence.  Il est évident qu'influencer dans le sens de la "bonne humeur", du plaisir, de la satisfaction, de la fierté, de tout sentiment positif, quelqu'un avant une négociation ou une prise de décision  a une très grande importance, au moins aussi grande que les mots utilisés eux mêmes.

 

Dans le même temps que la communication consciente entre deux individus s'élabore, se met en place une communication subtile, d'inconscient à inconscient, qui va planter le décor. L'échange "émotionnel" va se superposer, va canaliser,  l'échange "rationnel". La manipulation peut aussi jouer de ce registre émotionnel comme un bon acteur peut  "donner corps" à son personnage et faire vivre des émotions fortes, créer une ambiance.

 

Donc, il y a forte possibilité, lors de l'élaboration d'un jugement , d'une idée ou lors d'une prise de décision pouvant conduire à une action, d'être conditionné préalablement par un contexte émotionnel ,comme par "contamination", ou encore par des mots, sons, images ou mêmes odeurs ayant échappées à l'attention consciente et ayant été utilisés sciemment en vue d'une fin.

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 19:59

L'individu contemporain, narcissique et consommateur, est convaincu qu'il est libre de ses choix. Libre bien sûr il est d'aller consommer le week end aux Halles ou au Carrefour du coin, libre de choisir entre les milliers d'articles exposés, libre de voter pour qui il l'entend, libre de regarder le programme tv ou le film de son choix etc...

 

L'utilisation de cette "croyance" fondamentale est au coeur de la manipulation et de la théorie de l'engagement.  Un individu ayant commis une action en se "sentant" libre de l'avoir choisie aura tendance à justifier cette action à postériori et à persister dans le sens de cette action par cohérence, parfois jusqu au-boutiste. 

 

 

  • "Vous êtes libre de ..." : Des études de psychologie expérimentale ont montré que de façon systématique, la simple adjonction à une demande, de la phrase "vous êtes libre de ..." avait pour effet d'augmenter fortement le pourcentage de réponses positives à cette demande.  Donc, plus on déclare aux gens qu'ils sont libres, plus on obtient d'eux le comportement attendu.

 

  • Les choix illusoires masquant un présupposé sont un tour de passe-passe classique masquant une demande. Ils sont souvent utilisé par les manipulateurs, même en herbe. La séquence est de type "veux tu Action , Choix 1 ou choix 2 ou ... ? "  . Dans ce cas la demande d'agir est dissimulée par des propositions de choix donnant un sentiment illusoire de liberté :

 

Ainsi :

- "On va déjeuner ensemble à la Défense à 12:00 ou à 13:00 ?" (présupposé : la personne accepte de déjeuner à la Défense).

- "Tu préfères partir en vacances sur la Côte d'Azur ou en Bretagne" (présupposé : la personne accepte de partir en vacances en bord de mer)

- "Tu auras terminé la réponse à l'appel d'offre jeudi ou vendredi" (présupposé : la personne aura terminé sa réponse avant la fin de la semaine).

 

 

En hypnose, lors de l'induction, et pour contourner les résistances du Sujet à se laisser-aller, des suggestions de ce type (choix illusoire donnant un sentiment de liberté) peuvent être utilisées et ont un effet puissant sur les réponses à la suggestion, y compris physique:

 

- "Et je me demande quelle main va se sentir la plus légère en première, la gauche ou la droite...? "(présupposé : une main va éprouver une sensation de légèreté)

- "Et un doigt, ce peut être n'importe lequel, va se manifester pour dire "oui", le pouce..., l'index..., le majeur..., l'annulaire..., l'auriculaire... "  (présupposé : un doigt va se manifester).

 

 

  • En entreprise, ce sentiment de liberté est largement utilisé par les Directeurs/Manager, lorsqu'ils "distribuent" les objectifs à leurs équipes, les membres de celles-ci étant bien entendu libres d'atteindre ceux-ci comme ils le souhaitent...

 

Ainsi : "Franck, le budget annuel alloué à ton Call Center a été approuvé et est pour l'année 2012 de 3 M€ (réduction de 15%). Le comité de direction est pleinement conscient du challenge que cela représente du fait de l'augmentation du nombre d'appels mais l'équipe et bien rodée et ils te font confiance. Tu es bien entendu libre d'organiser cela comme tu veux et tu vas présenter cela au Codir dans deux semaines, je t'accompagnerai". 

La caractéristique essentielle d'un bon "middle manager" étant, tel le lieutenant sur le champs de bataille, l'action efficace décervelée plutôt que la réflexion stratégique, Franck va certainement se plier à cette demande - et devra probablement être aidé en cours de route pour comprendre certaines alternatives financières pour réduire les coûts - sans se poser de question sur les objectifs eux mêmes, étant quasiment incapable de fairre la différence entre la fin et les moyens. Il aura l'impression "d'être libre" dans son action et s'appropriera même le changement, si lourd de conséquences soit-il, le revendiquant à l'occasion.

 

 

 

Comme l'explique Jean-Léon Beauvois dans son ouvrage "Les influences sournoises", le sentiment de liberté est un très puissant ressort de la manipulation car les personnes ayant effectuées un acte en pensant le faire librement vont ensuite le rationnaliser, c'est à dire expliquer pourquoi elles l'ont fait totalement libres.  Défendant bec et onglesà postériori leur sacro-saint libre-arbitre.

 

 

Ce qui laisse songeur quand on connait hypnose, c'est parfois l'efficacité incroyable et spectaculaire des suggestions post-hypnotiques suivies d'amnésie... Si on dit à un bon sujet de transe que le mercredi suivant il ira sur la place St Eustache aux Halles à Paris avec un parapluie et qu'il ouvrira alors trois fois son parapluie (même s'il fait plein soleil), celui ci aura de bonnes chances de s'éxécuter. Et si on lui demande alors pourquoi il fait cela, il  jurera qu'il le fait totalement librement et donnera des explications correspondantes à ses croyances et son niveau rationnel. Mais il ne remettra jamais en question sa liberté, ce serait vécu comme une blessure narcissique.

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 21:19

Nota :  Cette article est une reprise de réponse que j'avais publié dans un forum de psychologie où il était demandé conseil sur des ouvrages de développement personnel.  Alors que de nombreux contributeurs indiquaient des auteurs réputés dans ce domaine particulier, comme Gounelle, Krishnamurti, Jorodowski, Castaneda, le Dalaï Lama etc... , j'indiquais que la littérature traditionnelle et la philosophie étaient pour moi les meilleurs ouvrages de développement personnel qui soient car ils n'indiquaient pas de recette de cuisine mais transmettaient plutôt une "éducation émotionnelle" au lecteur, au moyen de  son identification aux différents personnages des romans, quels qu'ils soient. Et que les meilleurs auteurs étaient ceux qui pouvaient le mieux et le plus finement transmettre cette palette émotionnelle subtile, infinie en compositions possibles.

 

Jeune, vers l'age de 15 ans j'ai été un assassin et j'ai connu la rédemption dans la peau de Raskolnikov (Crime et Chatiment de Dostoieski). J'ai prolongé mon expérience par le crime gratuit et l'automutilation à 16 ans avec Les caves du Vatican d'André Gide, les plaisirs interdits de l'Immoraliste .  J'ai connu la différence et l'insenbilité, étranger à tout ce qui m'entourait à 17 ans quand le même jour, j'ai perdu ma mère, été m'amuser à la piscine et ai tué quelqu'un sur la plage avec l'Etranger de Camus. A 18 ans j'ai connu les haines et les rancoeurs familiales, véritables poisons, avec Le Noeud de Vipères de François Mauriac.  Plus tard j'ai eu le sentiment éphémère et triste de la vie courte comme une journée pluvieuse - Une Vie de Mautpassant. Mikhail Boulgakov a illuminé soudainement ma vie en lui donnant des couleurs fantasques et romantiques (Le Maitre et Marguerite), mais aussi parfois cyniques, folles et non conformistes avec le diable Woland. Hermann Hesse - Le Loup des Steppes -  m'a fait entrer dans son théâtre "Seulement pour les Fous" à plusieurs reprises me faisant entrevoir mieux le multiple, les possibles, l'épuisement de la répétition.  Le voyage vers l'infini a continué avec Borges - Fictions - , et ses paradoxes vertigineux propres a faire vaciller mes dernières certitudes rationnelles. J'ai voulu connaitre toujours plus l'humain jusque dans sa chair et ses profondeurs obscures, luttant au péril de ma vie contre l'obscurantisme, mais aussi en satisfaisant ma curiosité morbide,  transgressant les interdits  pour disséquer des cadavres (l'Oeuvre au Noir de Marguerite Yourcenar). A la recherche obstinée de quelque Vérité ultime - pierre philosophale. Et puis encore plus tard, Cotzee m'a rapproché de la condition humaine et de ses faiblesses me permettant une forme de réconciliation avec moi-même. Je m'en suis sentit  proche, comme un ami intime, dans Disgrâce... Récemment "La Route" de Cormac Mac Carthy m'a bouleversé au point de considérer chaque jour, même le plus terrible, comme un cadeau.

 

Parfois il faut trouver le lieu et les circonstances pour rencontrer un auteur et son oeuvre : J'ai lu "Ainsi parlait Zarathoustra" de F. Nietszche dans l'air rare des cimes lors d'un fantastique voyage en Inde à  Darjeeling, puis au Népal. La lecture s'accordait parfaitement avec les sommets himalayens vertigineux. Conjuguée à la marche parfois très pénible, solitaire et silencieuse, les bouffées d'oxygènes de ce trésor  inclassable (roman, poème, ouvrage philosophique, prière..?) m'incitaient au dépassement. M'approchant  plus près de l'Auteur  je ressentais physiquement, dans ma chair, les passages de son oeuvre, ceux qu'il avait "vu", illuminé, lui aussi marchant en Montagne. 

 

La littérature m'a été de la plus grande aide au cours de ma vie. Peut être plus que tout; car j'y ai rencontré là, dans des voyages au bout de mes nuits de solitude, des frères en la personne de personnages de romans et donc des frères en la personne d'écrivains souvent disparus. Et qui revivaient ainsi en moi, m'honoraient de leur présence. Beaucoup souffraient de maux similaires. Et c'est très troublant quand on a l'impression qu'une personne disparue il y a cent ou deux cents ans, parfois mille ans, s'adresse à nous, en particulier... On se dit que cet écrivain cherchait peut être désespérément son "lecteur" et on le remercie infiniment de ce qu'il a fait pour nous, su dire, transmettre comme émotion. On lui parle en nous même comme on pourrait le faire lors d'une prière silencieuse et profonde à un parent cher disparu. La littérature  m'aide encore à combler mes propres insuffisances, a mettre des mots sur mes impressions. A les comprendre et à les accepter à travers la rencontre avec l'Oeuvre.

 

Aujourd'hui des dizaines de romans forts me constituent pour partie, au même titre qu'un certain nombre d'expériences marquantes, ou de rencontres surprenantes. La littérature a été et demeure pour moi un axe essentiel de mon développement personnel. Elle est un accélérateur d'expérience extraordinaire.

 

Nb : Ma bibliothèque idéale

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 20:23

La "Porte au Nez" est une technique de manipulation pour ainsi dire "inverse" du "Pied dans la Porte".

Cette technique consiste à effectuer une demande "factice" très coûteuse" et vraisemblablement inacceptable - donc refusée - avant la demande "réelle" correspondant à l'objectif que l'on s'est fixé.

Cette technique est assez utilisée dans le milieu commercial et plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer son succès. Certains, comme Cialdini pensent que son succès repose sur la réciprocité - une concession étant faite "à la baisse" par le demandeur, la personne sollicitée se doit aussi de faire un effort. D'autres,pensent que c'est le sentiment de culpabilité lié au rejet de la première requête qui expliquerait que pour "réduire" la tension liée au refus initial, la seconde requête plus raisonnable ait de grandes chances d'aboutir etc...

 

Les principes de base de la "Porte au Nez" sont que :

- la première requête doit être beaucoup plus coûteuse que la seconde

- la même personne doit effectuer les deux requêtes

- les deux requêtes doivent être "similaires", seul leur coût doit varier

- le temps entre les deux requêtes ne doit pas être trop grand, (ni insuffisant pour laisser la tension faire son chemin)

 

Exemple 1 :

Mon ami Guillaume vient de s'acheter une superbe Porsche Targa 993 avec toit ouvrant. Un véritable objet d'art, digne des meilleurs collectionneurs en la matière. Je sais qu'il y tient comme à la prunelle de ses yeux, la bichonant, la faisant remettre déjà en état régulièrement, les suspensions étant un peu "dures". Je meurs d'envie de l'essayer et de la lui emprunter quelques heures.

Alors que je le rencontre un soir et que nous parlons justement de sa "passion", je lui dis que j'ai pris une semaine de vacances le mois prochain en Bretagne et que justement j'aimerais vraiment lui emprunter sa merveille pendant cette semaine complète. J'y ferais très attention - promis je le jure -  et je pourrais même le dédommager s'il le souhaite. Je me réjouis déjà à l'avance de pouvoir l'essayer sur les petites routes charmantes de la presqu'ile de Crozon longeant le bord de mer ...

Guillaume qui m'apprécie vraiment semble visiblement très ennuyé, trop, et après quelques instants me dit qu'il n'a jamais prêté sa voiture à qui que ce soit, qu'elle est fragile et qu'il serait trop inquiet de ne pas être là... Cela lui coûte beaucoup visiblement de me dire cela. Je lui dis que ce n'est pas grave, que le comprends... Mais visiblement la demande est toujours en train de "mouliner" dans sa tête...

Nous nous quittons après quelques verres, et alors que le lendemain il m'appelle, je lui dis que je n'ai vraiment pas de chance car mes vacances ont été annulées du fait de ma surcharge de travail - des contrats, toujours des contrats. Mais que j'aurais un week end libre d'ici deux semaines durant lequel je pourrai passer chez lui et que cela me ferait quand même très plaisir d'essayer son bolide une ou deux heures... avec lui bien entendu comme passager.  Guillaume est visiblement ravi de cette proposition et me dit même que si je veux l'emprunter  pour l'après midi  "tout seul" il n'y a evidemment aucun problème...

 

Exemple 2 :

Monsieur Guérini est mon Client et je sais qu'il doit procéder à la mise à jour de ses équipements télécoms. Il est le Directeur Informatique d'une PME filiale d'un groupe étranger en plein développement. Nous sommes en milieu d'année et je sais que probablement ses budgets de dépense sont limités et sa marge de manoeuvre "hors demande exceptionnelle" ne doit pas dépasser 20000 à 30000 Euros. Mais même à ce prix là la pilule peut avoir du mal à passer...  Certes, il ne demande que l'ajout de quelques licenses pour rajouter des utilisateurs à son Call Center mais les matériels étant vieillisants il serait plus judicieux d'en remplacer une partie par de nouvelles plateformes plus évolutives.  Il est probable que Monsieur Guérini s'attende d'ailleurs à un coût de quelques milliers d'euros mais certainement pas plus. Cela étant il doit absolument trouver une solution pour satisfaire ses utilisateurs, rois...

J'évalue donc ses besoins et demande à mon "meilleur avant-vente", Fabien, d'étudier deux scénariis, l'un optimisé où nous pouvons faire une évolution qui couterait quand même environ 30 000 Euros et qui satisferait ses besoins à court-terme, l'autre beaucoup plus ambitieuse et "futuriste", véritable vitrine technologique qui couterait 200 000 Euros.

Fabien me remet les deux propositions et dans un premier temps, j'envoie seulement la proposition très coûteuse à Mr Guérini, l'appelle, et compatit avec lui sur le surcoût indispensable, ressentant son embarras face à ses limitations budgétaires, et sa crainte de devoir "défendre" cet investissement qu'il n'avait pas su prévoir auprès de ses patrons... Il est dans la Mxxxx.  Je défends les avantages fonctionnels de ma proposition mais rien n'y fait Il est vraiment très ennuyé. Nous raccrochons et je lui dis quand même que je vais voir s'il est possible d'étudier quelque chose de nettement plus optimisé - permettant de tenir quelques mois - en attendant l'approbation de son nouveau budget d'investissement pour l'année prochaine...

Le lendemain je l'appelle pour lui présenter sommairement la solution "optimisée" à 30000 Euros. Il est ravi et nous félicite... Le bon de commande va partir dans la foulée.

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