Blue Jasmine est un film de Woody Allen, avec l’excellente Kate Blanchett dans le rôle de Jasmine, une femme appartenant à la haute bourgeoisie New-Yorkaise qui se retrouve ruinée et à la rue du jour au lendemain. Son mari, un financier véreux, a été arrêté pour escroquerie et s’est suicidé dans sa cellule. Les biens ont été saisis et Jasmine se retrouve sans le sous et seule. Elle décide donc d’aller habiter quelque temps chez sa sœur Ginger à San Francisco. Ginger par contre est une vraie prolo, caissière dans une sorte de prisu, amoureuse d’un bellâtre sympathique mais qui n’a pas l’heur de plaire à Jasmine qui s’improvise en coach conjugual pour sa sœur.
Jasmine semble ne pas encore être capable de réaliser sa situation. Elle voyage en 1ere classe, trimballe ses bagages Vuitton et continue d’adopter l’attitude d’une grande bourgeoise. Quelques scènes où les deux sœurs sortent ensemble sont tordantes du fait du décalage entre Jasmine et le nouveau milieu ambiant. Quelques signes montrent néanmoins que son état psychologique commence à vaciller : elle parle de plus en plus souvent toute seule et des réminiscences du passé se font de plus en plus intrusives dans le présent.
A travers ces flashbacks, l’occasion est donnée au spectateur de compléter sa compréhension de l’histoire, de combler les non-dits. On y apprend alors que le mari attentionné trompait en fait sa femme avec de nombreuses maitresses et était sur le point de la quitter, qu’elle aurait pu sans trop faire d’efforts comprendre que les affaires de son mari étaient plus que douteuses. Mais il était infiniment plus commode de vivre dans le confort mental du déni et de ne pas voir les choses gênantes. Et Jasmine dans sa nouvelle vie à San Francisco continue d’utiliser cette façon habituelle de vivre dans une réalité insatisfaisante en éclipsant ce qui pourrait lui déplaire et en fantasmant des possibles. Mais la réalité finit par se faire de plus en plus pressante : la relation que Jasmine avait débuté avec un homme séduisant et conforme en tous points à ses ambitions se termine quand il apprend qu’elle lui a menti sur sa vie passée. Le fils de Jasmine ancien étudiant brillant de Harvard qui a tout quitté par dégoût la rejette car il a compris que sa mère est à l’origine de la déchéance familiale pour avoir dénoncé le père au FBI lors d’une crise folle de jalousie ; il lui impute donc le suicide du père etc…
Jasmine finit par se retrouver alors dans la zone dangereuse qui n’appartient plus vraiment au déni où la réalité mais correspond à la grande instabilité psychologique qui se trouve entre les deux. La névrose du déni banal se transforme alors progressivement en décompensation psychique. La folie n’est pas loin. A travers le portrait féroce de Jasmine, e film de Woody Allen traite bien de notre époque, celle de l’hystérie-telling. De l’art de se raconter des histoires pour compenser une réalité insuffisante pour l'égo. Les bulles psychologiques comme les bulles monétaires s’inflatent alors dangereusement au risque d’exploser sous le piquant du réel.
On songe dans ce film à l’affaire Madoff ou à Fabulous Fab, au décalage insensé entre les très riches et le reste de la population, à la finance folle décorrélée du réel et à ses montages en formes de pyramides de Ponzi ; il suffit qu un « maillon faible » lâche et tout s’écroule. Les portraits humains que fait Woody Allen de Ginger la prolo et de ses amis sont cocasses, réalistes.et finalement très tendres. Kate Blanchett est incroyable de crédibilité dans ce rôle de grande bourgeoise névrosée. La nouvelle vie possible, plus modeste ne peut lui suffire. Et son déni ressemble à celui du monde occidental moderne qui vit à crédit sous les pyramides de dettes au mépris du réel. Et l'on se demande comment tout cela peut bien finir.
C’est du bon Woody Allen. A voir donc, sans hésitation.
Blue Jasmine est un film de Woody Allen avec l’excellente Kate Blanchett dans le rôle de Jasmine une femme appartenant à la haute bourgeoisie New-Yorkaise qui se retrouve à la rue du jour au lendemain. Son mari, un financier véreux, a été arrêté pour escroquerie et s’est suicidé dans sa cellule. Les biens ont été saisis et Jasmine se retrouve sans le sous et seule. Elle décide donc d’aller habiter quelque temps chez sa sœur Ginger à San Francisco. Ginger par contre est une vraie prolo, caissière dans une sorte de prisu, amoureuse d’un bellâtre sympathique mais qui n’a pas l’heur de plaire à Jasmine qui s’improvise en coach de sa sœur. Jasmine semble ne pas encore être capable de réaliser sa situation. Elle voyage en 1ere classe, trimballe ses bagages Vuitton et continue d’adopter l’attitude d’une grande bourgeoise. Quelques scènes où les deux sœurs sortent ensemble sont tordantes du fait du décalage entre Jasmine et le nouveau milieu ambiant. Quelques signes montrent néanmoins que son état psychologique commence à vaciller : elle parle de plus en plus souvent toute seule et des réminiscences du passé se font de plus en plus intrusives dans le présent. A travers ces flashbacks, l’occasion est donnée au spectateur de compléter sa compréhension de l’histoire, de combler les non-dits. On y apprend alors que le mari attentionné trompait en fait sa femme avec de nombreuses maitresses et était sur le point de la quitter, qu’elle aurait pu sans trop faire d’efforts comprendre que les affaires de son mari étaient plus que douteuses. Mais il était infiniment plus commode de vivre dans le confort mental du déni et de ne pas voir les choses gênantes. Et Jasmine dans sa nouvelle vie à San Francisco continue d’utiliser cette façon habituelle de vivre dans une réalité insatisfaisante en éclipsant ce qui pourrait lui déplaire et en fantasmant des possibles. Mais la réalité finit par se faire de plus en plus pressante : la relation que Jasmine avait débuté avec un homme séduisant et conforme en tous points à ses ambitions se termine quand il apprend qu’elle lui a menti sur sa vie passée. Le fils de Jasmine ancien étudiant brillant de Harvard qui a tout quitté par dégoût la rejette car il a compris que sa mère est à l’origine de la déchéance familiale pour avoir dénoncé le père au FBI lors d’une crise folle de jalousie ; il lui impute donc le suicide du père etc… Jasmine finit par se retrouver alors dans la zone dangereuse qui n’appartient plus vraiment au déni où la réalité mais correspond à la grande instabilité psychologique qui se trouve entre les deux. La névrose du déni banal se transforme alors progressivement en décompensation psychique. La folie n’est pas loin. A travers le portrait féroce de Jasmine, e film de Woody Allen traite bien de notre époque, celle de l’hystérie-telling. De l’art de se raconter des histoires pour compenser la réalité insatisfaisante. Les bulles psychologiques comme les bulles monétaires s’inflate dangereusement au risque d’exploser sous le piquant du réel. On songe alors à l’affaire Madoff, au décalage insensé entre les très riches et les autres, à la finance déconnectée du réel et à ses montages en pyramides de Ponzi ; il suffit qu un « maillon faible » lâche et tout s’écroule. Les portraits humains que fait Woody Allen de Ginger la prolo et de ses amis sont cocasses, réalistes.et finalement tendres. Mais cette nouvelle vie plus simple possible ne suffit pas à Jasmine. Son déni ressemble au déni du monde moderne vivant à crédit sous des pyramides de dettes réelles ou symboliques et l’on se demande comment tout cela pourra bien finir. C’est du bon Woody Allen. A voir donc, sans hésitation.