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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 16:57

Le Loup de Wall Street, dernier film de Martin Scorcese raconte l’histoire de Jordan Belfort, un trader « successful » ayant monté sa propre société de courtage et fait fortune en usant et abusant de mensonges, abus de faiblesse, manipulation des cours etc. Il sera stoppé dans son ascension par quelques flics intègres du FBI, représentants incorruptibles du petit peuple des grugés.

 

Ce qui revient de façon récurrente dans cet excellent film c'est le cynisme et l’obscénité. L’argent, le sexe et la drogue sont omniprésents dans l'univers de Jordan Belfort (magistralement interprété par Léonardo Di Caprio) et de ses acolytes. L’omniprésence jusque l'obscènité des "signes extérieurs de richesse" et de la débauche consummériste transforme le tout en décor insipide de clip de rap pour MTV. Le réel semble de ce fait n’être jamais satisfaisant et vide de sens. Reste une jouissance épuisée par la saturation. La chimie de l'overdose change tout en toc, l’argent perd sa valeur d'usage, le yacht désert respire l'ennui, les poupées siliconées s’avèrent de la même espèce que les traders les plus impitoyables auxquelles elles se vendent. Pour compenser ce vide les drogues doivent d’être de plus en plus puissantes afin de redonner un semblant de relief à la vie.

 

Ce qui est intéressant à mon sens, c’est qu’en faisant jouer Léonardo Di Caprio, belle gueule, sympathique et bourré de charisme, sans jamais montrer tout au long du film le moindre client ruiné ou « dommage collatéral » direct de son activité, Scorcese ne tombe pas dans la caricature ennuyeuse de la leçon de morale à l’américaine. Belford chutera de son piédestal certes, en trahissant cyniquement ses collègues - comme il a trahit ses clients - en négociant une remise de peine pour bon comportement et passera au final trois années dans une prison dorée, sorte de « camp de vacance » néo libéral où tout peut s’acheter encore plus qu’ailleurs. Il est encore riche. Il rebondira à la fin du film comme conférencier de génie transmettant à un public conquis de commerciaux en herbe ses "méthodes de vente" infaillibles. En parallèle, les « petits flics » du FBI qui l’auront coffré continueront le vie modeste et laborieuse partageant le métro quotidien des autres « laissés pour compte » du système. 

 

Scorcese a su rompre avec sa pattern habituelle : dérive individuelle – crime – châtiment – rédemption. Ici le crime est comme « minoré » par l’invisibilité des victimes et le châtiment individuel quasi inexistant. Et l’obscénité de l’ensemble du système ressort d’autant mieux. Un système de joueurs cyniques dépourvus de morale. Reste le dégout, l’impuissance et la colère face à ce système que quelques Madoff sacrifiés ne sauront dissimuler.

 

Un film à voir absolument !

 

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 18:13

Elysium est un film de science-fiction réalisé par Neill Blomkamp, jeune réalisateur Sud-Africain (émigré aux US à L.A.) issu de l'univers du jeu vidéo et qui avait déjà commis l’excellent District 9 il y a quelques années.

 

Synopsis : Nous sommes en 2154, la terre est polluée et la grande majorité de sa population paupérisée. Les très riches l'ont quittée et ont élu domicile dans l’espace sur un tore gigantesque simulant la gravité et nommé Elysium. Les masses laborieuses restées sur la planète vivent dans des conditions ouvrières difficiles dignes du XIXème siècle. De gigantesques banlieues dévastées et bidonvilles prolifèrent, la violence et la maladie sont omniprésentes. L’ordre est exercé par des robots et la surveillance aérienne par des drones armés.  Sur Elysium l’herbe est verte et bien tondue, le calme absolu, l'atmosphère régulée clémente, les rapports humains policés. C'est un paradis artificiel. Les riches y vivent dans de luxueuses mansions et partagent leur temps entre les réceptions mondaines, le golf, l’éducation de leurs enfants... Des équipements médicaux sophistiqués leur permettent par régénération cellulaire de soigner toutes les maladies possibles et de prétendre ainsi, sauf accident majeur, à une quasi-immortalité. Sur terre, une bande de hackers rebelles et un peu déjantés tente de récupérer la technologie réparatrice pour la mettre au service de l’humanité. Les rares membres d’Elysium présents sur terre sont des dirigeants d’entreprise qui ressemblent par leur cynisme et leur attitude, à des généraux en temps de guerre chargé de « tenir » des territoires occupés…Il font la navette entre Elysium et leur sale boulot. On songe des sortes de Paul Bremer en Irak. Sans déflorer totalement la suite du film, on peut dire qu’un groupe d’humain composé d’un héros irradié lors d’un accident de travail (Matt Damon) et qui n’a que peu de temps à vivre, sa petite amie accompagnée d’une fillette atteinte d’un mal incurable et quelques rebelles armés, vont pénétrer l’espace protégé d’Elysium et défier son pouvoir (Jodie Foster excellente en présidente impitoyable) afin de bénéficier de la technologie de soin qui devrait être mise à profit des laissés-pour-compte terriens. Le film étant un blockbuster américain financé et produit par Hollywood, on peut aisément imaginer la fin…

 

Avis : L’intrigue est très conventionnelle, caricaturale d'actualité : le peuple de bons terriens exploités et les méchants égoïstes actionnaires en orbite qu abusent de leur situation dominante. C'est très américain et peu nuancé. Comme pour Avatar, il faut que le grand public comprenne vite qui sont les méchants et le manichéisme facilite la digestion rapide. Les thèmes de prédilection de Neill Blomkamp sont les mêmes que ceux de District 9 (apartheid, lutte des classes, injustice, cynisme des classes dirigeantes, novlangue dirigeante politiquement correcte, violence impitoyable des riches). Avant de réaliser des films, Neill Blomkamp  était un petit génie de l’industrie du jeu vidéo et l’on sent sa patte dans les différentes séquences de combats avec des robots où celles opposant le mercenaire Kruger (l’excellent Sharlto Copley acteur fétiche de Blomkamp) à Matt Damon lors de combats impitoyables. Fan de D9 (District 9) j’ai été déçu par le caractère grand public et sans surprise du film. Blomkamp a perdu de son mordant et sa satire sociale a un côté policé et has been, un goût de « déjà vu ». 

 

Note : Bof !

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 18:11
Vu donc récemment ce film inattendu de la part de Cronenberg que l'on connait essentiellement pour ses films sur le Corps transformé ou exploré jusqu'aux viscères (La Mouche, Faux-Semblants) ou fusionné avec la Technologie (Videodrome, existenZ, ou le magistral Crash d'après l'oeuvre de J.G. Ballard).

Dans ce film presque calme à l'image de la Suisse ou de Vienne, et de la bonne tenue de rigueur des débuts du XXeme siècle, Cronenberg nous relate les débuts de la psychanalyse à travers la rencontre entre son fondateur, Freud, et celui - Carl Gustav Jung - qui de disciple et héritier potentiel, fera sécession avec son père spirituel. Au milieu de cette rencontre éclairante pour ceux qui s'intéressent au sujet, une jeune Russe d'origine juive, Sabina Spielrein aura son importance et sa part d'Histoire. Sabina est d'abord envoyée en Suisse par ses parents au Docteur Jung pour soigner une grave hystérie. Celui ci sera fasciné par cette patiente dont le corps exprime les contradictions et pulsions de façon spectaculaire. Progressivement guérie, elle deviendra son amante, et à son tour, après s'être séparée de Jung - malgré tout fidèle à sa famille - deviendra une psychanalyste réputée sous la houlette de Freud. Elle contribuera ensuite à l'établissement de la psychanalyse en URSS. Cronenberg utilise dans son film, l histoire de Sabina Spielrein, pour raconter les débuts de la coopération entre Freud et Jung, puis leur opposition progressive et enfin violente.


Freud cherchait en ce début de siècle à rendre la psychanalyse "fréquentable" à une époque ou elle était essentiellement vue comme émanant du milieu juif viennois. Jung, jeune protestant suisse, aryen, faisait figure de "gendre idéal" à marier a cette jeune Pratique prometteuse en recherche de respectabilité et de lettres de noblesse. Mais alors que Freud voyait essentiellement les problèmes psychologiques au prisme des refoulements sexuels surtout lors de l'enfance, et tentait de donner des fondements scientifiques expérimentaux à sa Science nouvelle, Jung apparaissait comme un mystique, fasciné par les figures religieuses, les phénomènes surnaturels, l'ésotérisme même, parlant d'un continent inexploré à découvrir.

Il y a quelques pépites à mon sens dans ce film qui me font dire que Cronenberg a traité d'un sujet qu'il connait très bien.

A plusieurs reprises Jung dit "que son métier est d aider le Patient a retrouver sa liberté". Dans une séquence du film, Freud envoie à Jung pour une thérapie l'un de ses élèves Otto Gross (excellemment joué par Vincent Cassel). Otto Gross est un tenant de la liberté radicale. De Patient il va progressivement se muer en thérapeute de Jung - et on voit ici les liens forts Patients-Thérapeutes qui font qu'une rencontre de ce type n'est jamais neutre y compris pour le thérapeute transformé par la Rencontre... C'est au contact d'Otto Gross donc que Carl Gustav Jung assumera son amour pour Sabina Spielrein, transgressant ainsi sa déontologie et ses principes vis à vis de sa famille.

Il est aussi intéressant de voir dans le film que la guérison de Sabina Spielrein passe par une forme d'acceptation de ses refoulements, en particulier du plaisir qu'elle a éprouvé en se faisant punir brutalement par son père et qu'elle va sublimer en une sexualité masochiste assumée avec Jung. La Guérison n'est absolument pas une Normalité ou un Conformisme de masse (Merci Cronenberg pour ce rappel !).

J ai lu plusieurs articles de critiques sur ce film et n en ai trouvé aucune vraiment bonne a mon sens. J'ai même lu que le film penchait en faveur de Jung dans l'affrontement alors qu'il m'apparait a moi comme rendant hommage à Freud : Sabina Spielrein est guérie par la méthode Freudienne, elle se rangera du coté de Freud, deviendra son élève et sera une psychanalyste d'obédience freudienne. Enfin, on comprend aussi à travers ce film qu'à cette époque particulière (qui n'est pas la notre - rappel à Michel Onfray...) la Sexualité et la Contrainte des Corps engoncés dans des postures et des vêtements très contraignants, la soumission forcée des femmes et des enfants, la sexualité réprimée par une Autorité violente patriarcale et religieuse sont les causes principales des problèmes, des refoulements que le corps des malades vont parfois exprimer "hors d'eux même" spectaculaire. On retrouve le Cronenberg cinéaste du Corps ici, dans l'expression du Corps enfermé par l'Epoque. Un travail impressionnant et fidèle a été donné au Costume, au Vêtement de ce début du XXeme siècle.

Enfin, et c'est quelque chose que je n'avais pas "vu", et peut être qui m'échappe encore car il est difficile de s'imprégner à grande distance de l'esprit d'une époque, celle d'avant la Grande Guerre qui semble déjà sourdre à travers ce qui apparait comme trop tranquille et contraint, comme l'Inconscient qui devrait top ou tard s'exprimer violemment malgré le contrôle impuissant du Conscient : Le fait que Freud soit juif et que la psychalyse soit vue comme une science juive pour les juifs, tirée du mysticisme juif. Sabina Spielrein elle même est juive et semble comme commettre un péché en ayant des relations sexuelles avec un aryen, avant de revenir dans le giron "familial".

Ce film, et c'est peut être pour cela que je l'aime beaucoup, fait l'apologie de la Liberté. La liberté n'est pas facile, elle doit se conquérir. Elle n'est pas forcément agréable non plus. C'est un film sur la possibilité de choisir sa vie, sur le Courage... et sans éviter la douleur. Ce n'est pas un film de confort.

Merci David Cronenberg d'avoir réalisé ce film inhabituel et partagé avec nous votre vision, et rappelé les fondamentaux, à savoir l'objet même de la Thérapie.

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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 19:30

 

Vu "Karaté Kid" de Harald Zwart, avec le jeune Dre Parker (Jayden Smith fils de Will Smith) et Mr Han (Jackie Chan) qui devrait plutôt s'appeler "Kung Fu Kid".

 

Dans ce film, Dre qui doit avoir dans les douze ans, orphelin de père, quitte son pays, les USA, avec sa mère pour émigrer en chine où cette dernière a trouvé du travail.  Lors des premiers jours de son arrivée en Chine, Dre est victime de la jalousie (car il a sympathisé avec une jeune chinoise qui a l'air de beaucoup l'apprécier)  d'un groupe de jeunes chinois - et en particulier de son leader - qui va le tabasser et le harceler des jours durant. Mr Han, gardien discret et homme à tout faire - secret et très observateur, comprend ce qui se passe et va dans un premier temps prendre la défense du jeune Dre lors d'un combat de Kung Fu mémorable.

 

Dre demande à ce que Mr Han lui apprenne, comme à un disciple, son art martial pour qu'il puisse se défendre. Dre devient son élève et s'engage à participer à un tournoi de Kung Fu quelques semaines plus tard. Dans l'intervalle les jeunes chinois, membre d'un club réputé et qui vont aussi participer à la compétition, s'engagent à le laisser tranquille. Mr Han commence par lui faire effectuer - des jours durant - un ensemble de taches incompréhensibles qui au premier abord semblent ne rien avoir à voir avec le Kung Fu : accrocher sa veste, la reprendre, la jeter par terre, la ramasser, l'accrocher etc... Et puis, un jour de "ras le bol" Dre comprend avec stupéfaction que tous ces gestes correspondent à des postures élémentaires du Kung Fu. Et que l'attitude avec lesquels on les exécute a la plus grande importance. La Kung Fu attitude doit faire partie de la vie courante. C'est une philosophie. 

 

La formation du Maitre se poursuit à travers un entrainement intensif et un voyage initiatique au sein d'un monastère sur une montagne sacrée. Ce même monastère où Mr Dre avait été emmené à 10 ans par son père qui lui enseignait le Kung Fu. Dans l'une de ces salles coule une fontaine à l'eau pure et qui serait à même de redécupler l'énergie intérieure - le Chi. Dre en boit. Il est aussi fasciné par une jeune femme en équilibre sur un rocher face au précipice et qui semble imiter parfaitement un Cobra qui imite ses mouvements. Maitre Han lui dit que c'est le contraire qui se passe. La jeune femme en "vidant son esprit" a comme hypnotisé le Cobra qui suit ses mouvements. 


Un soir de relaxe, Dre rend visite à Mr Han. Celui ci a démolit à coups de masse la voiture qu'il restaurait patiemment avec soin. Il a bu et est au comble du désespoir. Dre apprend de celui-ci le drame qui l'a frappé il y a quelques années et qui continue de le hanter. Le jeune Dre entraine alors son Maitre  à se relever, reprenant l'enseignement reçu et de continuer l'entrainement. On peut percevoir ainsi un retournement progressif dans cette relation de Maitre à élève : qui aide qui finalement ?  Est ce Mr Han qui par son enseignement aide Dre ? Ou est ce Dre par son optimisme, sa jeunesse et ses qualités humaines qui aide Mr Han ?

 

Et puis un jour le combat final a lieu - en bon remake de film américain (cf le Karaté Kid des années 80) - sans surprise finale : le jeune héros vaincra tous ses adversaires dans le tournoi final tant attendu dont le terrible jeune chinois qui lui menait la vie dure dans les premiers jours de son arrivée et qui s'avère un redoutable combatant, Impitoyable.

 

D'un point de vue analyse politique (puisque le film est américain) et si l'on veut le voir "à un autre niveau" on pourrait dire qu'entre les années 80 et les années 2010, l'ennemi, le compétiteur a changé de visage, passant du japonais (dont le karaté fait partie intégrante de la culture) au Chinois (culture Kung Fu).

 

Le jeune Dre tout au long du film et malgré ses faiblesses garde un coté très américain (concernant son humour et une forme d'optimisme anti-corrosif à tout épreuve). Il sacrifie a l'enseignement technique du maitre, mais lui vient finalement en aide et a le beau rôle.  Les chinois vaincus finissent par lui reconnaitre des qualités et lui font allégeance, finalement sympas. Leur seule faute ayant d'avoir été mal éduqués.

 

Ils seront pardonnés

 

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 19:44

 

Vu INCEPTION hier soir. C’est un bon blockbuster américain relevé par les deux têtes d’affiche que sont Léonardo Di Caprio et Marion Cotillard. En résumé, un groupe spécialisé dans l’espionnage industriel est capable grâce à des techniques psycho-physiologiques sophistiquées, de pénétrer les rêves de dirigeants pour récupérer, tel des brain-hackers appelés ici « extracteurs », des secrets chèrement gardés.  Ceci, au profit de sociétés concurrentes, prêtes à chèrement monnayer leur savoir-faire.

 

Tel des jeux en réseaux aux univers virtuels partagés, les rêves peuvent être multi-joueurs et le décor être l’œuvre d’un architecte – ici créateur d’une pseudo-réalité en temps réel– et participant au rêve tel un metteur en scène qui va laisser les participants librement évoluer dans les décors qu'il a imaginés. Dans le film, le gang est « retourné » par un magnat asiatique pour aller non pas extraire mais - chose quasi impossible - implanter (d’où le terme Inception) une idée dans le cerveau d’un richissime et puissant concurrent. Cette idée devant à terme germer dans le cerveau du patron « victime » et conduire au démantèlement de son groupe.  L’Inception, ou incrustation d’idée est une technique très complexe qui nécessite de descendre dans différents niveaux de rêves emboités les uns dans les autres. Le chef du gang – Léonardo Di Caprio – est régulièrement pollué dans ses rêves/actions par le spectre de sa femme (Marion Cotillard) morte qui lui reproche de l’avoir abandonnée et vient le hanter. Celle-ci s’était suicidée après avoir confondue sa vie réelle avec une vie « rêvée » mise en scène par leur couple. La fragilité mentale du chef, met au final en péril tout le groupe et l’intrigue oscille successivement entre un thriller bien musclé d’espionnage à la James Bond et le drame psychologique.

 

Il ya dans ce film des ressemblances très fortes au sujet de la confusion entre réel et virtuel avec Matrix des frère Wachowski, véritable machine philosophique - inspirée de la Caverne de Platon - , ou l’excellent ExistenZ de David Cronenberg.

 

On pense bien évidemment à la pratique de l’hypnose ericksonienne où le Praticien va "planter le décor" et laisser le Patient en transe évoluer le plus librement possible, au RED (rêve éveillé dirigé), à l’utilisation lors des phases d’induction et de travail, des constructions d’histoires métaphoriques, aux histoires encastrées qui permettent de « descendre » à des niveaux successifs dans lesquels la transe est de plus en plus profonde et où le « travail » va être de plus en plus discret (amnésie) et proche du subconscient, où "l'inception" serait même possible par un discret et subtil saupoudrage verbal (seeding) et d'un "marquage" analogique (ancrage) .

 

J’utilise pour ma part souvent dans mes séances un « escalier » ou un « ascenseur » (que j’ai retrouvé dans le film à de multiples reprises) qui débouche sur une plage etc… Quand à « l’inception » il faut effectivement faire très attention dans ces techniques hypnotiques à ne pas créer de « faux souvenirs » et à ne pas jouer à l’apprenti sorcier avec la mémoire, les "patchs" n'étant jamais sans conséquences.

 

Le film se termine bien entendu par une dernière confusion entre rêve et réalité et encourage le cinéphile à retourner voir l’ensemble pour une meilleur interprétation/compréhension.

 

C’est assez marrant à la fin du film de constater après toutes ces navigations successives entre rêve et réalité que nous n’étions pas dans la « vrai » réalité mais effectivement au cinéma, même dans le niveau qui était vu au cinéma comme la réalité (dans le film).

 

Vous me suivez encore ? Enfin c'était hier, cest à dire aujourd'hui... Ben oui là au moment où vous me lisez. là dans cette réalité... derrière l'ordinateur.  

 

Bref un film fort divertissant et très intéressant pour les praticiens en hypnose qui peuvent voir un certain nombre de clins d’œil.  

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 15:00
Comme tout le monde avait vu Avatar en me disant que c'était "génial", j'ai fini par vouloir me faire un avis par moi même. J'avais quelque réserves à entrer dans le mouvement de masse  et était d'emblée dans une posture critique.
J'ai eu la chance de visionner ce film dans la belle salle et sur le grand écran du Max Linder Panorama, fameux cinéma parisien du IXeme arrondissement, situé quasiment en face du Grand Rex.

Je suis ressorti de là, bluffé. Le film est assurément excellent et marquera certainement l'Histoire - avec un grand H - du cinéma, pour les raisons suivantes :

1/ Technologique.
Le 3D existait bien avant Avatar (et je me souviens être allé à EuroDisney il y a plus de dix ans voir déjà un film en 3D). C'est par contre la première fois que le 3D touche d'un coup la quasi totalité du public et peut lui faire prendre de conscience de l'intérêt à voir en 3D du point de vue de l'expérience visuelle. Il me parait évident que l'industrie cinématographique et télévisuelle va s'engouffrer dans le créneau ainsi que tous les fabricants d'équipements visuels. Il y a un marché entier à renouveller et à conquérir.

2/ Qualité des décors de synthèse
Les paysages, animaux, personnages extra-terrestres, avatars, plantes, peuplant la planère Pandora ont été créés à l'aide d'image de synthèse. J'ai été ébloui par la qualité des animations, le rendu des textures, la beauté et la pertinence (impression de réalité potentielle) des paysages. Le fait de méler des personnages humains (Jake Sully, etc.) à ces univers de synthèse, les rends encore plus crédibles. On est complétement imergé dans un monde imaginaire et on adhère facilement à cette autre "réalité".

3/ Influence Politique
A l'heure du développement durable, de la prise de conscience à l'échelle mondiale de la finitude des ressources naturelles, ce film tombe à pic. Non pas pour infléchir directement les politiques. Mais au moins pour éduquer les masses des pays occidentaux. Les sensibiliser.
Bien sûr le film est très manichéen. Les "bons" sauvages d'un coté et les "méchants" colonialistes ignares et cupides de l'autre. Et un certain nombre de stéréotypes et de recettes américaines y sont présentes à foison (croire en ce qu'on fait, ne jamais se décourager, happy end etc...). Mais je crois que le "message" passé aux masses est globalement positif pour faire évoluer les mentalités dans un sens plus "collectif", responsable et conscient de la valeur et de la fragilité de l'environnement.

4/ Romantisme.
Le propre des grands films romantiques est de montrer que le Grand Amour transcende et dépasse tous les obstacles : distance, temps, race, classes sociales, mort.
Cameron, nous avait habitué aux films passions, parfois désespérés et au grand spectacle amoureux (Titanic). Là encore, de grandes scènes d'amour magnifiques, de la séduction à la passion - en passant par la déception absolue - et la volonté de se racheter et... heureusement, un happy end. Ouf ! C'est un grand film romantique et on se souviendra longtemps de Jake Sully (son Avatar) aux cotés de la belle Neytri, fille du chef des Na'vis.

5/ Spiritualité
Je me demande encore par quoi ou qui a pu être inspiré James Cameron. On pourrait penser qu'il a été suivre un stage - sérieux - de chamanisme tant les références et les clins d'oeil sont nombreux en direction de cette croyance dans les forces de la Nature, et dans le lien fort entre l'homme et son environnement dans l'espace présent (toutes les formes de Vie) et dans le Temps (Ancêtres). Les animaux domptés font penser aux animaux "guides" ou totem du chamanisme, donnant leurs forces à leur maître/allié.

Bref, un grand film  que je recommande sans hésitation.

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 13:50

Shutter Island est un film de Martin Scorcese d’après le roman éponyme de Denis Lehane. En 1954, soit peu de temps après la deuxième guerre mondiale, deux inspecteurs de police (Teddy Daniels / Leonardo Di Caprio dans le rôle principal, et Chuck Aule / Mark Ruffalo)  ne se connaissant pas se retrouvent sur un quai pour prendre le bateau et mener une enquête sur l’ile d’ Ashecliffe.

 

L’ile abrite un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux malades mentaux, des criminels pour la plupart. L’une des patientes, Rachel Solando se serait évadée de sa cellule, fermée, en ne laissant aucune trace.

 

Après une traversée houleuse vers cette île impressionnante et mystérieuse, nos deux enquêteurs sont accueillis par le service de sécurité de l’ile qui a l’air particulièrement à cran. Teddy et Chuck doivent remettre leurs armes et se conformer absolument au règlement bien particulier. Tous se réfèrent à l’autorité du Directeur, le Dr Cawley (Ben Kingsley).

 

L’enquête commence alors et, lors de l’examen de la prison de laquelle s’est évadée Rachel Solando (meurtrière de ses trois enfants qu’elle aurait noyés), Teddy découvre sous une dalle un mystérieux bout de papier sur lequel est inscrit une sorte de code ou un anagramme.

 

Teddy commence a faire passer des interrogatoires aux personnels ayant été en contact avec Rachel Solando. Au fur et à mesure de sa progression, la coopération du personnel psychiatrique se fait de plus en plus difficilement. Des signes lui enjoignant de prendre ses distances et de fuir lui sont envoyés. Ses rêves sont extrêmement agités et il revoit comme des flashbacks les traumatismes qu’il a pu vivre lors de la libération d’un camp de concentration nazi et de l’exécution sommaire des gardes allemands du camp. L’image récurrente d’une mère morte avec sa fille revient le hanter régulièrement. On apprend que la femme de Teddy (Dolores, interprétée par Michelle Williams) est morte quelques années plus tôt dans un incendie provoqué par un dangereux pyromane.

 

Première surprise, Teddy s’est fait affecter cette enquête pour retrouver ce dangereux pyromane qui serait interné sur l’ile. Régulièrement, des réminiscences et des rêves surgissent et sa femme morte le retrouve dans de très belles scènes oniriques. Dolores demande à Teddy de la venger. Il est donc là car il a quelque chose de très personnel à régler...

 

Alors que Teddy semble renoncer à son enquête par manque de coopération d'une direction énigmatique, une très violente tempête s’abat sur l’ile et le contraint à y rester avec son équipier. Teddy découvre à cette occasion les quartier de très haute sécurité de l’ile. La tempête extérieure semble être métaphorique de la tempête psychologique qui se déchaine sous le crâne de Teddy alors que celui-ci progesse lors de son exploration extérieure et de ses découvertes personnelles successives. La paranoïa gagne progressivement et Teddy qui est persuadé qu’il est victime d’un complot et que l’ile serait le lieu d’expérimentation psychiatriques interdites, comme dans une véritable zone de non-droit.(On pense alors à une critique masquée des zones de non-droit dénoncées récemment telles qu'Abou Graib ou Guantanamo).

 

Les frontières entre le rêve, les hallucinations et la réalité se font de plus en plus ténues et l’angoisse gagne le spectateur. Au bout de son exploration, Teddy découvre en même temps que le spectateur l’objet de la manipulation, inattendue, dont il a été le sujet. Magistral rebondissement pour tous et stupéfaction.Génie de l'auteur à suspens Denis Lehane.

 

La fin du film demeure énigmatique et reste pour moi une incitation à lire le roman ou a voir une deuxième fois ce film magistral. C’est un grand film sur la psychiatrie qui pose la question de la normalité, de la santé mentale, de la construction de la réalité, de l’effacement des repères et de la manipulation à des fins thérapeutiques. C'est aussi un film politique qui parle de la culpabilité (intervention tardive des américains pour libérer les camps de concentration), du droit et des exceptions, de la société du contrôle, de l'éthique relative au traitement des malades mentaux.

 

A voir absolument. C'est un film qui fait réfléchir. 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 09:46
Le film Oceans mérite assurément d'être vu sur grand écran. Les images sont formidables de force et de beauté. On y est surpris par la diversité des formes de vie, la créativité de la nature, la multitude des espèces. Des parallèles intéressants sont faits entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, la préhistoire et la modernité. Ils donnent à réfléchir. Des scènes sont dignes des grands spectacles comme des opéras ou des champs de bataille. Milliers d'oiseau de mer piquant tels des bombes sur des bancs de poissons. Centaines de dauphin au corps fuselés sillonnant les mers à toute vitesse; certains effectuant des vrilles artistiques en sautant. Symphonies de méduses, ballets de baleines. Scènes d'intimité familiale avec des phoques. Dureté brutale de la nature dans les scènes de chasse : Orque géant s'échouant presque pour attraper des otaries, duel mortel entre un crabe et un autre crustacé, bébés tortues de mer tentant d'atteindre le rivage avant d'être happé par les mouettes etc... Le film nous fait prendre conscience de la richesse et de la beauté des océans. De leur équilibre, aujourd'hui menacé. Des vues satellites montrent la pollution s'enfonçant telles des veines capillaires dans le coeur de celui-ci. Des scènes cruelles de pêche y sont montrées, sans commentaires : en particulier celle révoltante de la pêche aux requins. Les requins y sont attrapés et leurs ailerons coupés. L'animal est rejeté à la mer sans possibilité de nager. Il coule vers le fond pour y agoniser. On ressent un immense gachis.
Les images sont toutes esthétiques et puissantes. Comme celles de ces tempêtes dans lesquelles les plus gros chalutiers ou bateau de guerre semble minuscules, ballotés, submergés. C'est un film raffraichissant qui a du nécessiter beaucoup de patience et de moyens techniques pour arriver à compiler une si belle collection de moments forts. A voir.

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 16:20
In the Air est un film intéressant de Jason Reitman. Il dépeint la vie de Ryan Bingham (incarné par Georges Clooney) qui exerce le métier de « consultant » en licenciements pour le compte de grandes multinationales. Ryan passe sa vie dans les avions, passant d’aéroports en aéroports pour faire de rapides visites sur les sites d’entreprises en cours de restructuration et devant « dégraisser ». Il procède lui-même aux annonces des licenciements à des malheureux qui ne s’y attendent pas et qui ont consacré une bonne partie de leur vie honnêtement à leur entreprise. Il évite ainsi aux DRH et autres comités de direction peu courageux de faire le « sale boulot ». Il s’acquitte bien de sa tâche : fort de ses talent en méthodologie – il délivre par ailleurs des séminaires de développement personnel vantant « la liberté », le détachement, et la capacité à être mobile, flexible  – il a mis au point une méthode pour réussir les licenciements de la façon la plus « soft » possible. Il a une belle gueule, parait étonnamment sincère et semble croire à ce qu’il raconte. Il fait bien son job en réussissant à faire le moins de vagues possibles.

Coté personnel, Ryan est très seul et ne semble pas en souffrir. Il semble même heureux. Il a appliqué à lui-même ce qu’il prône dans se conférences : attaches minimales, légèreté : tout ses avoirs semblent tenir dans sa petite valise impeccablement organisée et dans ses multiples cartes de crédits ou de programmes de fidélité. Son plaisir secret, d’enfant, obsessionnel semble-t-être de cumuler suffisamment de miles pour obtenir la carte de membre privilégié des compagnies aériennes – en graphite  - qui lui permettra un service hors pair à vie.


Lors d’un voyage, il rencontre son alter-ego féminin, Alex (Vera Farmiga). Ils entament alors une relation de plus en plus suivie au gré de leurs passages simultanés dans les aéroports.  Un jour, ils vont même aller jusqu’à assister tous les deux au mariage de la sœur de Ryan, dans ce qui semble être « la vraie vie » avec toutes ses pesanteurs. A cette occasion, l’armure insensible de Ryan  commence à se fissurer et il semble  éprouver des sentiments pour ses proches, sa sœur pour laquelle il n’a jamais été vraiment présent et son futur mari – un bon bougre en proie à un doute existentiel de dernière minute, qu’il doit « retourner » pour que le mariage ait bel et bien lieu. Surtout, il commence à exprimer son attachement à Alex.


Cet attachement, le conduit un jour à « tout lâcher »  pour rejoindre celle-ci à l’improviste à son domicile. Mauvaise surprise : il découvre qu'elle est mariée et a des enfants. Celle-ci lui exprime alors son mécontentement en lui indiquant qu’il n’a pas respecté le contrat tacite entre eux deux, celui de la liberté, du non-engagement, et qu’il a failli tout gâcher.  Ryan retourne alors seul chez lui et le film se termine sur une fin imprécise :  Ryan a enfin gagné sa carte en graphite mais l’atteinte du but tant espéré semble dérisoire. Entretemps, Natalie la jeune universitaire aux dents longues qui avait mis au point une méthode de licenciement  moins couteuse par visioconférence et qu’il avait chaperonné pour l’entrainer aux licenciements sur le terrain a démissionnée : l’une des personne qu’elle avait licenciée s’est  suicidée. Dans une nouvelle ouverture aux autres, Ryan s’occupe de lui retrouver un nouveau job, et dans un accès de générosité vire pour sa sœur et son beau frère suffisamment de miles pour qu’ils puissent faire le tour du monde.
On ne sait pas vraiment s'il va continuer son "job" comme avant. Peut-être.

Le film est bien construit et documenté : il montre avec beaucoup de justesse ce qu’est l’univers « corporate » des grandes multinationales. Un univers affectif glacial de lieux qui se ressemblent tous, déshumanisés, de relations factices, de plaisirs d’enfants capricieux, de courtes satisfactions suivies de frustrations. Tout ce monde se conduit de façon très SMART, élégante. Le cynisme y est maitrisé et accepté comme une norme, lissé dans un costume neuf et impeccable. Jason Reitman a réussi le tour de force de nous montrer les choses plutôt que de les juger. On aurait pu craindre, suite à l’épisode un peu romantique du mariage, une fin moralisatrice à l’américaine. Reitman s’y est légèrement aventuré en explorant légèrement quelques possibilités de rédemption mais nous a au final épargné cela.


Georges Clooney est l’homme idéal pour ce film – beau gosse et sympathique – il pourrait presque nous faire oublier la dureté de cet univers impitoyable et briseur de vies. Enfin Vera Farmiga est formidable. Elle montre de façon magistrale combien le cynisme policé et élégant peut être redoutable. Ryan a trouvé en Alex son maitre.

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 19:12

Tsar est un film intéressant de Pavel Lounguine, cinéaste russe. Le film raconte une brève période de la vie du Tsar Ivan Le Terrible, au XVIeme siècle, alors que la Russie est assiégée par la Pologne.

 

Le Tsar, autocrate mystique et sanguinaire voit le mal et la trahison partout. Il fait arrêter des supposés traîtres, les torture pour leur faire avouer leurs fautes. Le chef de l'Eglise Orthodoxe proteste et Ivan fait sacrer son ami d’enfance Philippe, comme métropolite. Nouveau chef spirituel, en espérant que celui-ci lui sera fidèle et dévoué. Ce dernier incarne, à l'opposé de la violence mystique rédemptrice, l’autre versant de la croyance, celui du salut par le pardon et le sacrifice personel. Pour le bien des autres, les hommes.

 

Philippe demeurera fidèle à lui-même jusqu’au bout, dans sa disgrâce et sa mort, tenant tête à un tsar paranoïaque et de plus en plus solitaire, semant la terreur à l’aide de sa garde personnelle – les chiens du tsar – et exerçant son droit de vie et de mort de façon arbitraire car voyant la trahison s'immiscer partout comme une maladie.

 

En voyant ce deuxième film mystique de Lounguine (après le formidable « l’Ile » habitée par un moine mystique et guérisseur, thérapeute de génie), j’ai pensé à une critique subtile du pouvoir Russe, autocratique et sacré, tendant en permanence vers le culte d’un homme fait Dieu, (le communisme de Staline s’apparentant fortement à cela).

Lounguine montre très bien le lien possible entre pouvoir autocratique, solitude, paranoïa et mysticisme. Tout le monde devient coupable à terme de ne pas suffisamment y croire, de ne pas savoir se sacrifier à la Cause, d’être dévoué corps et âme au Dieu fait Homme, qui finit par punir la faiblesse humaine dans un délire oscillant entre la préservation d’un pouvoir absolument pur et la quête de la rédemption.

 

On pense à l'Histoire et aux excès de l’âme russe, à l’attente quasi mystique et récurrente de ce peuple en un sauveur qui joue le rôle du père autoritaire et brutal mais juste pour le « bien » de celui-ci. Lounguine montre ici que dans son âme pure, le peuple russe est encore un enfant (comme cette jeune fille simple et pure à laquelle le tsar donne une icône) qui veut croire et qui n’a pas su passer à l’âge adulte en se délivrant du mysticisme et de la soumission (notamment lors de la Renaissance) pour passer à l’âge de la Raison des Lumières.

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