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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 19:12

Tsar est un film intéressant de Pavel Lounguine, cinéaste russe. Le film raconte une brève période de la vie du Tsar Ivan Le Terrible, au XVIeme siècle, alors que la Russie est assiégée par la Pologne.

 

Le Tsar, autocrate mystique et sanguinaire voit le mal et la trahison partout. Il fait arrêter des supposés traîtres, les torture pour leur faire avouer leurs fautes. Le chef de l'Eglise Orthodoxe proteste et Ivan fait sacrer son ami d’enfance Philippe, comme métropolite. Nouveau chef spirituel, en espérant que celui-ci lui sera fidèle et dévoué. Ce dernier incarne, à l'opposé de la violence mystique rédemptrice, l’autre versant de la croyance, celui du salut par le pardon et le sacrifice personel. Pour le bien des autres, les hommes.

 

Philippe demeurera fidèle à lui-même jusqu’au bout, dans sa disgrâce et sa mort, tenant tête à un tsar paranoïaque et de plus en plus solitaire, semant la terreur à l’aide de sa garde personnelle – les chiens du tsar – et exerçant son droit de vie et de mort de façon arbitraire car voyant la trahison s'immiscer partout comme une maladie.

 

En voyant ce deuxième film mystique de Lounguine (après le formidable « l’Ile » habitée par un moine mystique et guérisseur, thérapeute de génie), j’ai pensé à une critique subtile du pouvoir Russe, autocratique et sacré, tendant en permanence vers le culte d’un homme fait Dieu, (le communisme de Staline s’apparentant fortement à cela).

Lounguine montre très bien le lien possible entre pouvoir autocratique, solitude, paranoïa et mysticisme. Tout le monde devient coupable à terme de ne pas suffisamment y croire, de ne pas savoir se sacrifier à la Cause, d’être dévoué corps et âme au Dieu fait Homme, qui finit par punir la faiblesse humaine dans un délire oscillant entre la préservation d’un pouvoir absolument pur et la quête de la rédemption.

 

On pense à l'Histoire et aux excès de l’âme russe, à l’attente quasi mystique et récurrente de ce peuple en un sauveur qui joue le rôle du père autoritaire et brutal mais juste pour le « bien » de celui-ci. Lounguine montre ici que dans son âme pure, le peuple russe est encore un enfant (comme cette jeune fille simple et pure à laquelle le tsar donne une icône) qui veut croire et qui n’a pas su passer à l’âge adulte en se délivrant du mysticisme et de la soumission (notamment lors de la Renaissance) pour passer à l’âge de la Raison des Lumières.

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