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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 16:20
In the Air est un film intéressant de Jason Reitman. Il dépeint la vie de Ryan Bingham (incarné par Georges Clooney) qui exerce le métier de « consultant » en licenciements pour le compte de grandes multinationales. Ryan passe sa vie dans les avions, passant d’aéroports en aéroports pour faire de rapides visites sur les sites d’entreprises en cours de restructuration et devant « dégraisser ». Il procède lui-même aux annonces des licenciements à des malheureux qui ne s’y attendent pas et qui ont consacré une bonne partie de leur vie honnêtement à leur entreprise. Il évite ainsi aux DRH et autres comités de direction peu courageux de faire le « sale boulot ». Il s’acquitte bien de sa tâche : fort de ses talent en méthodologie – il délivre par ailleurs des séminaires de développement personnel vantant « la liberté », le détachement, et la capacité à être mobile, flexible  – il a mis au point une méthode pour réussir les licenciements de la façon la plus « soft » possible. Il a une belle gueule, parait étonnamment sincère et semble croire à ce qu’il raconte. Il fait bien son job en réussissant à faire le moins de vagues possibles.

Coté personnel, Ryan est très seul et ne semble pas en souffrir. Il semble même heureux. Il a appliqué à lui-même ce qu’il prône dans se conférences : attaches minimales, légèreté : tout ses avoirs semblent tenir dans sa petite valise impeccablement organisée et dans ses multiples cartes de crédits ou de programmes de fidélité. Son plaisir secret, d’enfant, obsessionnel semble-t-être de cumuler suffisamment de miles pour obtenir la carte de membre privilégié des compagnies aériennes – en graphite  - qui lui permettra un service hors pair à vie.


Lors d’un voyage, il rencontre son alter-ego féminin, Alex (Vera Farmiga). Ils entament alors une relation de plus en plus suivie au gré de leurs passages simultanés dans les aéroports.  Un jour, ils vont même aller jusqu’à assister tous les deux au mariage de la sœur de Ryan, dans ce qui semble être « la vraie vie » avec toutes ses pesanteurs. A cette occasion, l’armure insensible de Ryan  commence à se fissurer et il semble  éprouver des sentiments pour ses proches, sa sœur pour laquelle il n’a jamais été vraiment présent et son futur mari – un bon bougre en proie à un doute existentiel de dernière minute, qu’il doit « retourner » pour que le mariage ait bel et bien lieu. Surtout, il commence à exprimer son attachement à Alex.


Cet attachement, le conduit un jour à « tout lâcher »  pour rejoindre celle-ci à l’improviste à son domicile. Mauvaise surprise : il découvre qu'elle est mariée et a des enfants. Celle-ci lui exprime alors son mécontentement en lui indiquant qu’il n’a pas respecté le contrat tacite entre eux deux, celui de la liberté, du non-engagement, et qu’il a failli tout gâcher.  Ryan retourne alors seul chez lui et le film se termine sur une fin imprécise :  Ryan a enfin gagné sa carte en graphite mais l’atteinte du but tant espéré semble dérisoire. Entretemps, Natalie la jeune universitaire aux dents longues qui avait mis au point une méthode de licenciement  moins couteuse par visioconférence et qu’il avait chaperonné pour l’entrainer aux licenciements sur le terrain a démissionnée : l’une des personne qu’elle avait licenciée s’est  suicidée. Dans une nouvelle ouverture aux autres, Ryan s’occupe de lui retrouver un nouveau job, et dans un accès de générosité vire pour sa sœur et son beau frère suffisamment de miles pour qu’ils puissent faire le tour du monde.
On ne sait pas vraiment s'il va continuer son "job" comme avant. Peut-être.

Le film est bien construit et documenté : il montre avec beaucoup de justesse ce qu’est l’univers « corporate » des grandes multinationales. Un univers affectif glacial de lieux qui se ressemblent tous, déshumanisés, de relations factices, de plaisirs d’enfants capricieux, de courtes satisfactions suivies de frustrations. Tout ce monde se conduit de façon très SMART, élégante. Le cynisme y est maitrisé et accepté comme une norme, lissé dans un costume neuf et impeccable. Jason Reitman a réussi le tour de force de nous montrer les choses plutôt que de les juger. On aurait pu craindre, suite à l’épisode un peu romantique du mariage, une fin moralisatrice à l’américaine. Reitman s’y est légèrement aventuré en explorant légèrement quelques possibilités de rédemption mais nous a au final épargné cela.


Georges Clooney est l’homme idéal pour ce film – beau gosse et sympathique – il pourrait presque nous faire oublier la dureté de cet univers impitoyable et briseur de vies. Enfin Vera Farmiga est formidable. Elle montre de façon magistrale combien le cynisme policé et élégant peut être redoutable. Ryan a trouvé en Alex son maitre.

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