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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 09:59

 

Le froid était de plus en plus vif. Les trottoirs couleur craie, laissaient voir des traces de roues inhabituelles, ou de pas, prises. Des coulées d'urine figées le long des murs. Parfois aussi des petites plaques de glace. En descendant le canal, je vis la surface plane jonchée d’objets divers. La glace avait pris dans la nuit et une fine pellicule transparente, parfois blanche des restes de neige, à l’épaisseur inégale, retenait en surface les détritus, sacs plastiques, frêles morceaux de branches d’arbres, vêtements usagés. Un gant. Plus loin un groupe de mouettes était posé et demeurait immobile, comme endormi. A dix-sept heures heures il faisait  déjà noir et les berges étaient maintenant illuminées par les phares des quelques voitures en mouvement et des restes de guirlandes électriques de Noel accrochées aux devantures des magasins. Les quelques cafés sur le Quai de Valmy servaient de refuges temporaires, de halte  bienvenue pour se réchauffer un peu.

 

Je passais près de la poste et du recoin où se tenaient habituellement un groupe de clochards étrangers. Peut-être des polonais. Je vis une petite tente verte et un amoncellement de couvertures sales, de sacs de couchage, d'objets divers. Un tas informe. On ne pouvait deviner si quelques-uns s’y trouvaient. En dessous. « J’espère pas » pensais-je en passant rapidement. Il devait faire moins deux ou trois.  

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 19:17

Novembre. Je suis sorti en fin d’après midi et il faisait sombre. J’ai marché vers le Louvre et me suis retrouvé un peu par hasard Place du Palais Royal. Face au conseil constitutionnel, au conseil d’état, près de la comédie française. Sur la place, il y avait un rassemblement. Par terre, de grands panneaux de papiers blancs, immaculés, de la taille d’une pierre tombale étaient disposés en alignement réguliers sur le sol. La place était emplie de tombes. En hommage aux morts de la rue. Il y en avait près de trois cents. C’était le nombre de SDF morts et dénombrés par le collectif qui organisait l’événement. Les passants étaient invités à déposer une rose sur une plaque de leur choix et on pouvait déjà voir de belles roses, encore vivantes, dont la couleur vive contrastait avec la blancheur immaculée des feuilles blanches. Des noms étaient écrits au feutre noir au pied des tombes éphémères accompagnés de mentions indiquant l’âge et le lieu du décès de chacun des disparus. Parfois avec une courte histoire, aussi. Des passants s’arrêtaient là. Un mélange de personnes égarées par l’époque et provenant d' associations militantes. Il y avait aussi des religieux et des bénévoles. L’armée du salut avec ses costumes militaires d’une autre époque. Mais c’était bien d’une guerre dont il s’agissait. Et qui avait emporté sans pitié aucune son lot de victimes esseulées. Des compagnons d’infortune, de la rue, se sont joints à la cérémonie. J’ai regardé les visages, certains rougis par le froid et la fatigue, d’autres blancs et secs au regard perçant. L’émotion m’a pris à la gorge et je crois que pour la première fois j’ai eu envie de pleurer. J’ai observé les membres du collectif « les morts de la rue » qui s’affairaient près d’une estrade Ils avaient le visage dur des personnes qui ont choisi l’action sans atermoiements. Affairés et dignes. Peu de place pour l'émotion.Des combattants anonymes, eux aussi. Qui avaient choisi l’engagement. Par quel chemin étaient-ils arrivés là ? Ca m’étonnait encore. Comment avaient-ils pu se sentir à ce point concernés ? Etait-ce lié à un drame personnel. Peut-être l’un de leur proche avait-il aussi disparu ? Est-ce que cela pouvait provenir d'une prise de conscience ? Des regards clairs et décidés.J’ai continué à parcourir les étroits chemins des allées, surpris par les âges : Louis, 32 ans, Compiègne, Bertrand 43 ans, Paris, Denise 50 ans Colombes… Et puis, à partir de cette grande estrade placée face au conseil constitutionnel, quelques personnes sont venues dire haut et fort les noms. Nommer, faire exister ces trois cents hommes et femmes. La litanie a durée plus d’une heure. Un cortège de noms et d’anecdotes personnelles ont illuminé la nuit tombante, froide. J’ai repensé encore à Daniel, cet homme des sous-sols de la Défense que j’avais croisé tous les jours, matin et soir. Je crois que j’ai prononcé son nom pour être sûr de l’associer à la cérémonie. J’ai senti mes yeux humides. Les regards autour de moi étaient encore secs, habitués aux faits et forts de la foi dans leur action. Je suis resté jusqu’à la fin. Se sentir concerné. Evidemment. Je me suis demandé pourquoi cela m’avait aussi rattrapé. Aujourd’hui. Comme si tous ces pauvres gens avaient fini par me constituer, étaient aussi une partie de moi qui réclamait de l'attention. Comment vivre au milieu de tout ça ? Par quel tour de prestidigitation avais-je pu échapper si longtemps à ce spectacle quotidien ? Je suis rentré à pied très fatigué. Puis Remonté dans un état second et la tête un peu vide les eaux froides et grises du canal Saint-Martin. Comme un spectateur absent traversant un décor de théâtre.

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 19:37

Quand on revient en France après plusieurs semaines de voyage à l'étranger, ce qui frappe de stupéfaction, c'est la non-qualité matérielle et humaine des services qui sont proposés, particulièrement dans la capitale. Que ce soit dans les commerces de bouche - cafés, restaurants (Pizza Hut, Hippopotamus,Indiana Café...) -, ceux des chaines d'hotel (Campanile, Comfort, Ibis...) ou des commerces divers (Darty, Virgin, Fnac...), ce sont les mêmes mines de forçats désabusés qui en voyant arriver un client semblent "dérangées dans leur travail". Re rangement de tables, alignements des chaises en terrasse, remise de nouveaux bouquins dans les rayons, inventaires, nettoyage des surfaces diverses...

 

C'est clair on les emmerde ! et ils nous le montrent bien : pas un regard souvent, une réponse rapide en cas de question, un café bruyamment posé sur le comptoir, trois coups de balais pour bien montrer qu'il n'y a pas que ça à faire. Aucune considération pour le quidam.  Cette nouvelle "façon d'être" s'est répandue progressivement depuis les années 90 avec le libéralisme et le low-cost. La bougonnerie syndicale et néanmoins sympathique franchouillarde a été remplacée par un mélange de dureté et de bêtise égoïste propre au libéralisme. Une sorte de "chacun sa merde" détestable.

 

La concurrence du low-cost couplée à la mauvaise culture du service française a "tirée" progressivement toute la chaîne des prestations vers le bas. La conséquence aujourd'hui ce sont donc des personnels "low-cost", à l'attitude "low-cost" fournissant un service "low-cost" de qualité "low-cost". Il faut donc quand on a perdu l'habitude de voir ça - à l'étranger - , s'attendre aux désagréments suivants, particulièrement à Paris :

- Mise en place bruyante et violente des tables, couverts pour un "nouveau" service - signifiant au consommateur attablé qu'il est temps de dégager.

- Personnels à la tenue négligée. Tee-shirt de la chaine "crasseux" etc.

- Prise de commande sans salutation et/ou regards. Ne parlons pas de sourire.

...

Cet ensemble de signes extérieurs laisse présager que "l'intérieur" est bien pire puisqu'on apprend à tout ce personnel les fondamentaux du Customer Relationship Management, de la Satisfaction Client, lors de stages bas de gamme à l'anglo-saxonne. 

 

Le client est effectivement Roi et il a des outils pour le faire savoir : le complaint management forme de gestion des exceptions et des risques où l'on a calculé que si l'on niquait tout le monde seule 10% de la population se plaindrait et ferait valoir ses droits et que donc cela reviendrait beaucoup moins cher. le français, Client-Roi dans un univers de pacotille est particulièrement touché : contrarié et dépressif par nature, client et serveur à la fois, sa conscience professionnelle est siphonée avec un bruit caverneux vers le fond du lavabo en même temps que l'estime de lui-même.

 

Une visite de temps en temps à New-York ou au Japon constitue une véritable bouffée d'oxygène, une forme d'hygiène mentale salutaire et l'on constate avec bonheur que le Service au sens de l'attention aux personnes existe réellement : qu'un vendeur de Barnes & Nobles à New-York pourra traverser toute la gigantesque librairie avec vous pour vous aider à trouver un ouvrage rare sur l'hypnose ou qu'une hotesse de Japan Railways pourra vous expliquer dans le détail votre trajet sur plusieurs jours en Shinkanzen indiquant même avec précision les n° de quais lors des changements...

 

Comment s'étonner après que des japonais reviennent de notre merveilleuse capitale des Lumières avec une dépression. Ils pourront quand bien même envoyer des contingents de bénévoles nettoyer nos crasseux Champs Elysées (véridique !), ils ne pourront pas changer les mentalités de millions de français frustrés par leur misérable condition humaine.

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 17:28

Il ne faut pas s'étonner que la Presse, y compris celle qui se veut un peu plus élitiste que les autres, soit moribonde et cherche des refinancements par tous les moyens.

 

Toutes les premières pages - y compris de journaux comme Le Monde - tournent aujourd'hui autour des affaires "Woerth-Bettancourt". 

 

Ben oui, la majorité des gens vont découvrir que les très grosses fortunes ont des "régimes fiscaux spéciaux" (sinon ça ferait longtemps qu'elles se seraient barrées en Suisse, à Monaco, à Saint-Domingue etc... ) et qu'il y a une certaine tolérance pour qu'une partie de leurs fonds ne soient pas sur des Livret A, LDD ou livrets d'Epargne Populaire, mais à l'Etranger  et sur d'autres devises. 

 

Et puis le peuple va encore redécouvrir que les partis politiques reçoivent des "enveloppes" pour leur financement...

 

Et pendant que ces "affaires" font le 20 Heures, que Raymond Domenech est entendu à l'assemblée nationale, et qu'on discute des cigares de Mr Blanc on ne parle plus des vrais problèmes qui se posent à la France :

 

1/ Comment reculer l'age de la retraite et en même temps permettre aux plus de 45 ans qui perdent leur emploi de retrouver plus facilement du boulot ?


2/ Comment éviter aux jeunes (y compris ceux qui ont fait des études supérieures) de ne plus dépendre financièrement de leurs parents ou de leurs grands-parents jusqu'à 30 ans et plus ?


3/ Comment éviter la désagrégation de la sociéte (ethnique, croyances, éducation etc...) particulièrement dans les départements et villes "à risque" (ex le 93) ?


4/ Comment mieux "encadrer" des inégalités sociales excessives (entre génération, entre classes sociales) et réduire la violence potentielle ?


5/ Pour ou contre le protectionnisme et à quelle échelle ? (France, Europe etc.)


6/ Faut-il  plus travailler pour mieux travailler ? (système scolaire, société etc.)


7/ Qu'est ce qui marche "bien" chez nos voisins et pourquoi ne l'applique t-on pas en France (ex Flexsécurité au Danemark etc.)


8/ Plus ou moins de répression ? - Etat des peines, des prisons, résultats - analyse


9/ Liberté et surveillance - Etat des lieux. Quels sont les bénéfices, quels sont les risques ?


10/ Audiovisuelle et média - Etat des libertés. Regard critique sur ce qui est donné à "consommer" et les effets sur la population - et sur les enfants en particulier.


11/ Economie - comment, à l'exemple de l'Allemagne devenir un meilleur exportateur ?


12/ Ou en est l'Europe dans sa construction ? Quelles sont les étapes suivantes ? L'Euro est-il ou non un bien ?

etc.

 

Mais bon. Et que sont devenus les partis politiques et la presse libre ? Ou peut-on trouver encore des débats d'idées importantes et de qualité. Faut-il adhérer à une Loge Maçonnique pour cela...? 

 

Il y a deux ans je me suis désabonné du site d'information Médiapart que je trouvais "nombrilo-socialiste" . Comme une caméra socialiste qui ne fait que filmer le parti socialiste. Aujourd'hui Mediapart publie encore les enregistrements poubelles de Mme Bettencourt. Honte. 

 

Ces journaux méritent de disparaitre. Ils ne défendent pas les libertés ou ne réhaussent pas l'intelligence du lecteur mais font in fine le lit du populisme.

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 10:48

Passé ce matin, lundi 28 Juin, à mon café habituel. Les journaux sur le comptoir - Le Figaro, Le Parisien, Libération - traitent tous en "une" de l'affaire Eric Woerth. Une affaire ou rien encore n'est démontré. Basée sur des rumeurs, des enregistrements frauduleux. Les français aiment les boucs émissaires, particulièrement en situation de crise. Ces épouvantails à bruler peuvent servir de catharsis face à une réelle impuissance. Impuissance à faire et à comprendre.

A coté de cela, bien dissimulé dans une page du Figaro, il est question des radars de nouvelle génération. Moins détectables. Eh oui, l'effet collatéral des radars de l'ancienne génération est que les français se sont modérés sur les excés de vitesse et que donc dans le temps "ça rapporte moins". Alors il faut encore mieux fliquer les gens pour coincer ceux qui en ville rouleraient à 52 km/h ou pris dans leur rêverie autoroutière et bercés par le ronron d'un moteur à 4000 tours/mn se seraient risqués à 132 km/h.

A coté donc de l'affaire Eric Woerth et, planqué dans un journal, une information intéressante. Voulons nous une société qui nous flique et nous infantilise toujours plus ? Une société du contrôle, panoptique, qui réclame toujours plus de "transparence", grignotant progressivement les rares espaces privés qui nous restent.  Oui, c'est cette histoire de radar qui devrait être mise en 1ere de couv et on devrait se demander pourquoi il faut toujours plus de surveillance dans notre société.

Enfin, un débat devrait être organisé pour évaluer "les effets de bords" de ce genre de politique répressive. Il est évident qu'au dela d'un certain seuil il y aura des tricheries de plus en plus sophistiquées (échange de points de permis, contestations juridiques - pour ceux qui en ont les moyens -, etc.) comme en tous les domaines. 

Mais la répression s'engouffre là où l'éducation fait défaut. Elle est un signe supplémentaire de la prédominance des politiques court-termistes par rapport à celles plus "durables", de long-terme.

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 18:45

Jeudi 24, alors que notre chère équipe nationale rentrait au pays, je lisais Le Monde et accroché par le titre suivant "Mozzarellas bleues - retour en France", je souriais en m'attendant à lire un article comique sur ces fabuleux représentants de notre haute culture française.

Je cherchais donc un sens caché dans les mots suivants :

 

"Les mozzarelles contaminées peuvent devenir bleues quand on ouvre leur sachet, en raison de la présence de la bactérie Pseudomonas fluorescens, qui peut être dangereuse pour les personnes âgées ou dans le cas d'un système immunitaire affaibli.

"Des consommateurs italiens se sont plaints auprès des autorités sanitaires italiennes après avoir découvert une couleur bleue anormale sur de la mozzarelle qu'ils avaient achetée, et des analyses sur d'autres produits ont révélé la présence de la bactérie Pseudomonas", a ajouté la société."

 

Après quelques minutes de réflexion, je dus me rendre à l'évidence. Ce n'était pas de nos molles mozzarellas dont il était question mais bel et bien de véritables mozzarellas contaminées par la bactérie "Pseudomonas fluorescens".

Les notres, bien françaises, étaient aussi rappelées car contaminées par le virus "Pourritus parlefricus".

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 13:02

 

« Pourquoi l’amour est un plaisir » de Jared Diamond, déjà célèbre pour avoir écrit « Effondrement ».


Dans cette ouvrage, Jared Diamond, démontre combien la sexualité humaine est singulière et originale par rapport au monde animal. Il cherche parmi de nombreuses hypothèses, évolutionnistes, ce qui pourrait expliquer notre physiologie et nos comportements sexuels.


Parmi ces aspects singuliers, il recherche notamment des réponses à la fonction de plaisir plutôt que de procréation de la sexualité, au rôle de la ménopause féminine, à l’intimité de l’accouplement, à l’investissement de l’homme dans le foyer, à la monogamie etc…

 

Donc, beaucoup de questions intéressantes explorées à l’aune des théories évolutionnistes et non d’une quelconque morale ou vision anthropocentrique. L’homme y est vu comme un animal singulier aux mœurs sexuelles étranges. 

 

Ce qui pourrait donc paraitre étrange aux yeux d’un animal nous regardant serait :

 

  • Le fait de faire l’amour même les jours de non fertilité féminine,

 

  • D’avoir encore des rapports sexuels alors que la femme est enceinte ou que les enfants sont en très bas âge et allaités, Le fait de faire l’amour encore après la ménopause, 

 

  • Que la femelle ne manifeste pas sa fertilité par des signaux précis et qu’elle-même en soit inconsciente,

 

  • Que le Male et la Femelle s’accouplent dans l’intimité,Etc…

 

Pourquoi donc, notre sexualité varie-t-elle autant par rapport à nos proches cousins dont nous ne différons que très peu par notre matériel génétique ? (1,6% vis-à-vis des bonobos pratiquant une sexualité multiple et des chimpanzés), 2,3% avec le gorille (vivant en harem), 3,6% avec l’Orang Outan (vivant seul sauf au rare moment d’accouplement).

 

Jared Diamond rappelle que « la sélection naturelle favorise à la fois les mâles et les femelles  qui laissent une descendance nombreuse et que la meilleure stratégie à adopter pour parvenir à ce résultat n’est pas forcément identique pour le père et la mère. L’intérêt génétique d’un mâle ne coïncide pas nécessairement avec celui de la mère de ses jeunes, et vice versa. »

 

De nombreux exemples d’espèces animales sont étudiées en fonction de leurs caractéristiques et il ressort que quelques critères sont particulièrement importants dans la détermination du « comportement » le plus efficient pour s’assurer la meilleur propagation possible de son « matériel » génétique :

 

  • Le coût de l’investissement maternel et paternel dans la production de l’embryon,

 

  • Les occasions perdues (au détriment d’autres fécondations possibles) en décidant de s’occuper des jeunes,

 

  • Le degré de certitude d’être le père ou la mère.

   

Ces trois facteurs font que les hommes abandonnent beaucoup plus facilement conjoint et enfants que les femmes.

 

Dans la mesure où le nouveau-né humain a fortement besoin de support durant de nombreuses années, le rôle du père s’est avéré de plus en plus indispensable à la survie de l’enfant et donc à la survie de ses gènes.

 

Jared Diamond explique dans son ouvrage en quoi la dissimulation physiologique de l’ovulation par la femme, sa disponibilité sexuelle quasi-permanente, et le plaisir sexuel ont permis (d’un point de vue évolutionniste) , de retenir l’homme et d’optimiser les chances de survie de sa progéniture.

 

La dissimulation de l’ovulation aurait permis entre autres de « brouiller les pistes quand à la certitude de paternité » et d’obliger ainsi le male à rester près de la femelle (monogamie) pour s’assurer qu’il est bien le père des enfants et prévenir ainsi toute tentative d’approche concurrente. De plus chez les ancêtres animaux, cette dissimulation aurait pu aussi prévenir l’infanticide du fait de la confusion possible sur cette paternité dans des sociétés à l’accouplement libre (polygynie et promiscuité). Une même fonction a donc pu servir au cours du développement à plusieurs fins.

 

La ménopause féminine aurait quant à elle permise à la femelle de s’occuper de ses enfants jusqu’à un âge tardif, sans prendre le risque physiologique de nouvelles grossesses, au détriment des enfants existants.

 

Bref, pour en savoir plus et mieux, je vous conseille de lire cet ouvrage bien éloigné des points de vue moralisateurs ambiants, de l’anthropocentrisme niais et remettant l’homme et la femme à leur place naturelles.

 

Ces points de vue peuvent permettre de mieux comprendre des tendances « naturelles » et leurs dérivées culturelles. C’est un petit ouvrage excellent qui se lit assez facilement !

 

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 12:23

« Bonheur Tranquille – Vivre avec l’esprit de modération » est un livre simple qui se lit assez facilement. Anne Chaté est sociologue et enseigne à l’université de Nantes. 


Ce livre analyse une façon d’atteindre ce sentiment un peu général de bien-être que l'on peut nommer le bonheur. La modération constitue la voix pour atteindre ce fameux bonheur. Dans une époque où le discours ambiant prône essentiellement la quantité : « travailler plus pour gagner plus », « dépenser plus », « consommer plus », ici il est question plutôt de faire « moins et mieux » . Il y est plus question de qualité que de quantité. La modération est un acte volontaire, celui de restreindre  ses attentes, ses aspirations, ses désirs. La notion « volontaire » est essentielle. On ne peut être dans la modération si cette limitation est due à la contrainte. Le livre s’adresse donc aux personnes placées suffisamment haut sur la fameuse pyramide de Maslow pour qu’un comportement volontairement modéré soit possible, un choix.

 

Anne Chaté aborde la modération comme une façon d’être assez générale et s’appliquant à tous les domaines : consommation, désirs, empreinte écologique, carrière, sentimental. Attention retrouvée pour les petites choses qui font la vie quotidienne (exemple donné du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain ou de la Première Gorgée de Bière de Philippe Delerm). Bref, réapprendre à regarder les choses, avec éveil. Tenter de donner de l’intensité au moment présent, se comparer aux plus mal lotis, désire simplement « être quelqu’un de bien ».

 

S’ensuit une convocation d’économistes, psychologues, sociologues ayant développés un certain nombre de théories sur le bonheur et la possibilité de le mesurer. Le but étant de démontrer que la modération peut effectivement être la voie permettant d’atteindre un tel état.  Il y est question de « flow », ces états de profonde satisfaction que l’on peut éprouver après l’accomplissement d’activités réalisées pour le simple plaisir et sans recherche de gratification, de buts concrets plutôt qu’abstraits, ces derniers s’apparentant souvent à des chimères difficilement atteignable, etc… Il est aussi conseillé de modérer ses rêves ce qui permet d’éviter l’envie et la corruption des sentiments.

 

Certaines théories sont intéressantes, comme celle de la discordance qui dit que le niveau de satisfaction dépend de la comparaison entre deux éléments « la vie que nous avons par rapport à la vie que nous aimerions avoir ». Les aspects conditionnant la vie que nous aimerions avoir étant : nos désirs, ce que nous avons déjà eu, ce que nous nous attendons à avoir, ce que les autres ont, ce qu’on pense mériter. Et ici on pense aux techniques de « recadrage » prônées dans différentes techniques de développement personnel, à la perception de la réalité et à l’école de Palo Alto qui disait que les problèmes ne venaient pas des choses elle-même mais de la façon de les percevoir et que l’objet stratégique  de nombre de thérapies brèves consistait à faire disparaitre les utopies ce qui avait pour effet de faire disparaitre les problèmes vécus par les patients.

 

Dans le chapitre suivant « La modération me pénalise t-elle ? », l’auteure explore les objections possibles à la conduite modérée : manque d’émulation individuelle ou collective, possibilité de rater les chances qui pourraient s’offrir à nous, anticonformisme et risque d’isolement social. A chacune de ces objections elle donne des réponses. Si l’on comprend bien le raisonnement au niveau individuel, on pourrait se demander ce que serait un mode absolument modéré. On songe à « rien de grand ne se fait sans passion » Mais on peut objecter que ces grands génies n’étaient peut être pas des gens heureux. J’ai apprécié le chapitre sur les « noms illustres de la modération » et leur contre exemple (tel Emma Bovary). Le livre est très intéressant par les exemples divers qu’il convoque et passages d’auteurs cités. Il indique de bonnes pistes de lectures pour ceux qui voudraient aller plus loin. On y parle de l’Epicurisme (qui contrairement à ce qu’on croie couramment prônait aussi une certaine modération), du Stoïcisme et de Sénèque, de Jean-Jacques Rousseau (et de son ouvrage Emile ou de l’éducation), de Thoreau et sa « simplicité volontaire »

Anne Chaté livre donc ici un véritable plaidoyer pour la modération et à la possibilité d’un bonheur tranquille, ou bonheur durable, s’inscrivant ainsi dans la tendance émergente de la décroissance, du « slow » ou du développement durable.

 

Deux remarques personnelles : 

  • la modération prônée est un comportement général qui m’apparait potentiellement limitant au regard de l’ambition personnelle qui pourrait demeurer pour un domaine que nous considérerions essentiel comme l'acte de création par exemple (artistique, social, etc.) . Je crois que l’on peut se modérer volontairement sur quelques axes seulement, de façon très raisonnée et en laisser ouverts d’autres.

  • Les exemples convoqués sont très « occidentaux ». en lisant, j’ai songé aux enseignements et philosophies orientales, telles le bouddhisme ou le Shintoïsme, prônant souvent l’équilibre, la neutralité sans désir ni aversion, la recherche du « neutre » permettant de retrouver le sel des choses simples. 

 

         La difficulté essentielle à une conduite modérée me semble aujourd'hui être "la pression sociale". Il faut donc acquérir, souvent difficilement une véritable "liberté" préalable, une force de caractère, pour pouvoir de libérer du jugement ou des remarques liées à notre conduite modérée. Sinon cela peut conduire à la coupure (Anne Chaté parle du risque "d'escapisme") et à des conduites totalement en marge de la société ce qui ne me semble pas forcément souhaitable.

 

        La modération est un "choix" qu'il faut être en mesure d'assumer. Probablement possible  aujourd'hui à peu de gens sur la planète soit du fait des moyens, soit du fait du conditionnement et de la pression sociale. Mais il faut bien des pionniers pour conduire un changement certainement nécessaire avant qu'il ne soit violemment imposé de façon systémique et involontaire.

 

 

 

 

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 22:15

"Survivre aux crises" est un petit livre du prolixe Jacques Attali.

 

Un ouvrage d’actualité, intéressant bien qu’il soit mal écrit. Il contient probablement des réflexions très personnelles de l’auteur et l'on songe parfois à un journal intime qu’il aurait pu tenir à un moment difficile de sa vie. Jacques Attali ne parle pas seulement de la crise économique actuelle mondiale, ou même de la crise écologique et du réchauffement climatique. En homme de synthèse, il parle des Crises Majeures en général, de la meilleure façon de s’y préparer, des moyens à mettre en oeuvre pour survivre, des qualités à cultiver pour faire face.

 

Et on peut se demander à quel type de crise une personne telle que Jacques Attali a pu survivre. Le chômage probablement pas (rires), ni les années de disettes ou de guerre violente. Reste la maladie ou le désarroi amoureux qui peut être extrêmement douloureux. Je pencherais pour le second.

 

Comme un consultant senior digne de ce nom (et c’est bien connu, chez les consultants il y a deux catégories, les Sultans et les Autres – Attali faisant partie incontestablement de la première catégorie) l’auteur nous expose sa stratégie de survie, issue d’une profonde réflexion et articulée autour de sept principes essentiels auxquels il va ensuite se réfèrer.

 

Tout au long de l’ouvrage, il exposera comment survivre aux crises d'un point de vue personnel, du point de vue de l'entreprise, du point de vue de la nation et enfin du point de vue planétaire. Gageons que si cela avait été d’actualité, il aurait appliqué sa « matrice analytique » au point de vue de l’Univers entier.

 

      Les Sept critères énoncés par Jacques Attali sont les suivants :

      

        Respect de soi-même :  c'est-à-dire vouloir vivre. En pleine conscience. Rechercher sa raison de vivre, s’imposer un désir d’excellence dans son corps, sa tenue, ses projets. Ne rien attendre de personne et compter essentiellement sur soi-même pour se définir. Accepter la vérité, même si elle n’est pas agréable pour pouvoir progresser. Vouloir être un acteur, ni pessimiste, ni optimiste, de son avenir.

 

        Intensité : Se projeter sur le long terme. Avoir une vision de soi à vingt ans, à réinventer sans cesse. Savoir arbitrer au présent pour valoriser l’avenir. Ne pas oublier que le temps est la seule rareté, et qu’il faut vivre chaque instant comme s’il était le dernier.

 

        Empathie : Etre capable de se mettre à la place des autres, adversaires ou alliés potentiels. Comprendre les cultures, les modes de raisonnement, raisons. Savoir nouer des alliances durables et pratiquer un altruisme intéressé. Faire montre d’humilité et de disponibilité. Admettre qu’un ennemi puisse avoir raison sans pour autant éprouver des sentiments négatifs.

 

        Résilience : Une fois les menaces propres à chaque type de crises identifiées, se préparer à résister mentalement, moralement, physiquement, matériellement, financièrement etc. Constituer des réserves, des défenses, des plans alternatifs, des assurances.

 

        Créativité : Transformer les difficultés en opportunités potentielles. Faire d’un manque une source de progrès.

 

        Ubiquité : Savoir changer et le cas échéant pouvoir faire sienne des stratégies adverses. Etre capable de reconsidérer totalement sa position sans pour autant perdre le respect de soi-même.

 

        Pensée révolutionnaire :  Se tenir prêt, en cas de crise extrême à la légitime défense, à la transgression si les règles du jeu s’avèrent iniques.

 

En catastrophiste éclairé, Attali dresse un état des lieux de la situation actuelle. Il analyse la crise et le phénomène d’avalanche passé et en cours. Selon lui l’occident demeure incapable de maintenir son niveau de vie sans s’endetter. Rien ne viendra enrayer l’épuisement de l’occident, financé par des emprunts transférés des ménages aux banques, puis des banques aux Etats, et que rien ne  viendra maitriser car aucune régulation efficace, nationale ou mondiale, ne semble capable d’émerger et de mettre en place les garde-fous nécessaires.

 

Différentes hypothèses de crises sont analysées, scénarios en U (avec rebond), scénario en W avec Crash, insuffisance des fonds propres des entreprises, explosion de la bulle chinoise, protectionnisme, hyperinflation, effondrement du dollar, faillite de la FED, crise énergétiques, crise écologique, crise de la santé et de l’éducation, pandémies, crises politiques et militaires, etc.

 

Les grandes tendances (ayant pour effet potentiel d’amplifier les crises) sont passées en revues aussi : explosion démographique, progrès technologiques (NBIC : Nanotechnologies, Biotechnologies, Information Technologies, Cognitive Sciences), valeurs plaçant au sommet la Liberté individuelle, etc.

 

Pour se préparer au grand déferlement des catastrophes, il faut donc d’ores et déjà développer et cultiver les Sept Critères : Respect de soi, Intensité, Empathie, Résilience, Créativité, Ubiquité, Pensée Révolutionnaire.

On pense en lisant tout ça en une heure à la littérature que l’on peut trouver dans les meilleurs kiosques d’aéroport pour Cadre Sup, les 7 habitudes qui font gagner, Les Mots qui font Vendre etc…

 

On pense aussi au Catastrophisme Eclairé de Jean-Pierre Dupuy qui préconise pour mieux anticiper les catastrophes de ce placer du point de vue du futur comme si elles avaient eu lieu. On conseillere à ce sujet de lire « La Route » de Cormac Mc Carthy ou d’aller voir le très bon film inspiré par cette œuvre et sorti récemment sur nos écrans… Ca fout bien la trouille 

 

Mais il y a je le crois vraiment quelque chose à retenir de tout ça. Comme le dit Jacques Attali, un peu de paranoïa peut servir à la survie en cas de crise majeure. Et puis 2012 n’est plus très loin. Ce serait quand même un comble si…

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