[Yoga] Traiter la Colère

Ce texte est un résumé de notes collectées lors de dits ou lecture d’écrits relatifs au Yoga sur l’approche de la Colère.

Dans la philosophie du Yoga, la colère est comparée à une vague (Vrittis) qui perturbe le calme du mental. 

Trois Gunas (qualités) essentielles caractérisent l’état possible du mental, habituellement :

• Le Tamas (L’inertie) : C’est la vibration la plus basse. Le mental semble bloqué dans cet état là. Il correspond à des perceptions subjectives de type « je ne peux pas » ou « je ne veux pas ». Les personnes déprimées sont dans cet état là. Il y a une résistance vis-à-vis de l’action.

• Le Rajas : Il correspond à un état actif. Le Mental commence à prendre l’initiative. Mais il n’est pas calme. Il y a encore beaucoup d’agitation mentale.  C’est souvent un état dont on n’a pas conscience mais que l’on découvre lors de la pratique méditative où il s’avère très difficile au début de rester concentrer sur la pratique. Des milliers de pensées parasites y émergent en autant de mouvements désordonnés.

• Le Sattvas : C’est l’état de l’équilibre. De la légèreté. Il correspond à une forme d’harmonie, de clarté. Il est affranchi de la souffrance et du désir. Il est calme comme l’eau d’un lac dans vague.  Paisible.

La colère peut se développer dans les états de Tamas et de Rajas qui constituent les obstacles principaux de la paix mentale.

D’après les écrits yogiques, la colère « nait » dans le corps Astral (corps dans lequel se trouvent les émotions).  Cette colère se transmet au corps physique vivant. Elle s’exprime dans des situations et sur des personnes qui nous affectent.

Plusieurs moyens permettent de s’affranchir de la colère :

1/ Supprimer l’émotion de colère. Cette méthode existe mais n’est pas recommandée. Elle consiste à « ne pas montrer et cacher quelque part ». Elle créer de fortes tensions internes. La colère peut souvent se manifester alors sous des formes différentes. Le cynisme ou l’amertume par exemple.

2/ Exprimer la colère (sans violence).  Il s’agit de « dire » ce que l’on ressent à la personne. « J’ai ce sentiment et je l’exprime » en restant le plus calme possible. Exprimer rapidement ce que l’on ressent permet une « évaporation » du sentiment de colère.  Et d’éviter l’accumulation et l’explosion qui se manifeste par des propos et une attitude « hors de proportion », incontrôlée.

3/ Entretenir un état dans lequel la colère ne peut facilement se développer.  Par une pratique régulière de la méditation et du yoga qui permettent notamment de détendre considérablement le système nerveux. 

Le système nerveux est constitué de deux parties :

Le système sympathique : il constitue comme un signal d’alarme pour le corps et le mental et réagit à ce qui est perçu comme une « menace ». Les options de réaction sont alors « Fuir ou Se battre ».

Le système para-sympathique : Il permet de « calmer » lorsqu’il n’y a plus de danger. De relâcher le corps, les tensions, de ralentir le cœur. Il procure calme et détente.

Les personnes en état de stress trop fréquent ont un système sympathique suractif, toujours prêt pour la bataille, et ont du mal à utiliser au mieux leur système  para-sympathique. Ces personnes sont dans la souffrance, toujours tendue par la possibilité de la menace, jamais à l’aise. Elles ne connaissent pas suffisemment l'état de "Lacher-Prise". 

Les exercices physiques et mentaux du Yoga permettent de retrouver cet équilibre entre les deux systèmes. Il y a une relation très intime entre la « PEUR » et la « COLERE ».  La colère se manifeste par la Peur de ne pas y arriver, vers une situation ou une personne qui nous bloque dans le désir d’y arriver.

Elle constitue un grand aveu de faiblesse et d’impuissance.  Un manque de flexibilité par rapport aux situations. De Créativité. Quand la colère est là, tout se transforme à l’intérieur.  Il n’y a plus de contrôle sur soi. On est « hors de soi ». La colère n’est jamais le bon moment pour prendre des décisions.  Pour cela il convient d’attendre. De se calmer avant d’entreprendre quoi que ce soit.  D’attendre (même quelques jours) que le mental retrouve son équilibre pour décider. La colère perturbe la faculté de juger.

Dans la philosophie du Yoga, la colère est considérée comme une énergie très forte.  Toutes les pensées sont aussi considérées comme des énergies. Et ces énergies ont une influence sur l’environnement et les personnes qui nous entourent.  La pensée se partage.

Le Mental de chacun est comme une éponge qui va absorber l’atmosphère environnante et les pensées des autres.  La colère n’est donc pas considérée comme un problème uniquement personnel mais comme quelque chose de négatif qui peut affecter les autres personnes autour de nous. Et créer de la douleur.

Le Yoga considère qu’il y a deux parties dans l’Intellect : Une partie supérieure et peu développée :le BUDDHI

Une partie inférieure qui prend la majorité de la place : le MANAS. Cette partie est commune avec celle des animaux. C’est le siège de l’instinct, des automatismes mentaux. Des choses que l’on fait systématiquement, de façon très précise – comme l’oiseau qui sait survivre ou construit très précisément  son nid.  Toutes les expériences émotionnellement fortes vécues vont nourrir le MANAS. Les traumatismes, nous font réagir avec ce mental inférieur, subconscient. Tout ce qui n’a pas été correctement « digéré » s’y trouve.

Le BUDDHI existe et peut être développé par la Méditation de l’Attention par exemple. C’est lui qui va remarquer « Ah je suis en colère ». « Est-ce que c’est utile ? ». « Qu’est ce que je ressens ? ». « Ca se manifeste comment dans mon corps ? ». C’est un observateur subtil qui va se développer.

Dans la pratique Yogique, contrairement à la psychologie occidentale, on ne va pas se concentrer sur ce qui pose problème, sur les causes possibles.  Au contraire on va se concentrer sur la qualité qui s’oppose au Vice.  On va développer des qualités opposées. A la Colère par exemple on va tenter d’opposer l’Amour, la Bienveillance.  D’envoyer des pensées positives à la personne objet de notre frustration.

On va apprendre à « Lacher-Prise » avec l’idée qu’on a forcément raison ou que l’on peut Changer l’Autre.  On va apprendre que l’Autre à ses propres difficultés, vices et que s’il se conduit ainsi c’est que son état de développement ne lui permet que de s’exprimer ainsi actuellement. 

On va « arrêter » de donner une responsabilité disproportionnée aux Autres.  Et comprendre peut être que la seule responsabilité qui vaille ne concerne que nous-mêmes.  C’est une acceptation des limitations de autres, de nous-mêmes. Une Acceptation des défauts actuels qui ne conduit pas forcément à une attitude passive. Mais à l’Action bienveillante et patiente.

Le sentiment de Bienveillance est une ouverture qui peut progressivement nous transformer et nous conduire à voir les Autres au-delà des leurs comportements. «  Si la personne se conduit mal, c’est peut être que – elle est en souffrance, a une difficulté, un handicap, a été privé de … ». Le comportement lui-même ne peut être facilement corrigé. Il faut corriger à la source.

La colère peut s’entretenir par habitude. Et tout se renforce dans la répétition. On peut apprendre progressivement à « ne pas réagir immédiatement ». Que le Mental supérieur dise « laisse moi réfléchir ».  Le Mental est comme un muscle, une partie du corps qui s’entretient. Il n’est pas « Moi ». C’est une partie. Comme mon genou par exemple. Et cette partie peut être éduquée.

Lors de la colère, il faut se souvenir du pouvoir de l’Amour et du Pardon. Si on ne peut pardonner et se pardonner, on reste bloqué sur sa colère. Penser « Je comprends que tu n’as pas pu faire mieux alors… ». Tout comme on pardonne aisément les bêtises les pires d’un enfant de trois ans.  Le pardon veut dire « Je comprends ». On ne peut pas rendre quelqu’un responsable d’un manque de sagesse.  C’est reconnaitre que la personne n’est pas parfaite.