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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 12:11

Le Pouvoir est un film documentaire sur les huit premiers mois de l’exercice du pouvoir par le président François Hollande. Ce n’est pas un film sur le président lui-même bien qu’il en soit le personnage principal, ni contrairement à ce que le titre suggére un film sur le pouvoir, c'est à dire la capacité à créer, transformer, changer les choses.

 

 

Le film du réalisateur Patrick Rotman nous montre essentiellement trois choses : L’Elysée avec son cadre fastueux, l’agenda du président, l’ »importance » générale attachée à la forme que ce soit dans le protocole ou plus encore dans la communication.

 

 

Le documentaire est donc l’occasion de suivre le président et son entourage dans toutes les salles et salons du Palais dont l’architecture extérieure est typique des styles Louis XV puis Napoléonien. La décoration intérieure est surchargée d'ornements, d'objets précieux, de tableaux et les couleurs de boiseries, d’or et de rouge sont prédominantes. On découvre Le vestibule d'Honneur pavé de marbre blanc de carrare, orné de pilastres doriques, l’escalier Murat qui s'enfonce discrètement dans le mur Est du vestibule d'honneur et débouche sur l'antichambre du bureau du président, les salons Pompadour et Cléopâtre, salons des Portraits et Doré qui tiennent lieu de bureaux au président de la République selon les saisons, le salon Murat pour le conseil des ministres, la salle des Fêtes pour les réceptions importantes etc. Dans ces lieux prestigieux, on cotoie le personnel, les majordomes, gardes républicains, chefs de cabinets et on y rencontre les ministres et invités de marque.

 

 

Le lieu est surchargé d’objets, de peintures, de dorures et l’on peut sentir le décalage important entre le travail quotidien de l’équipe présidentielle composée (indépendamment des titres de "chargés de la communication") d'avec la pompe, le protocole, le soin extrême donné à l'apparence et à l’ordre des choses. L'agenda est essentiellement rempli de réunions dont l’objet est la communication. On découvre ainsi, en spectateur discret de ces meeting de travail, l’attention extrême que porte le Président à l’écrit, à la rédaction, au contenu, aux discours. Le président charge ses conseillers de rédiger des documents, relis, critique, note et corrige. Parfois ré-écris complétement. Pour quiconque a déjà vécu en entreprise cela ressemble en tous points au travail quotidien d’une direction de la communication.

 

 

Viennent ensuite les réunions de "feed-back" où le président avec son premier ministre va débriefer des réactions à l’assemblée nationale, avec son ministre de l’économie des « réactions » des marchés et donc des taux d’emprunts, avec le photographe de son image etc.

 

 

Rapidement le titre même du film est mis en question… , « Le Pouvoir ». Oui mais quel pouvoir exactement ? Ou que reste-t-il exactement du pouvoir face à cette tyrannie de la communication ? Les seuls moments où l'on sent un véritable pouvoir, ce sont dans les rencontres avec les militaires, chefs des armées, et ministre des affaires étrangères Laurent Fabius à propos notamment des opérations extérieures, dont la guerre au Mali.

 

 

On découvre dans ce documentaire un président sympathique, à l'écoute, et qui en « voix off » explique un certain nombre de choses de façon très didactique. On comprend qu’il a conscience de la responsabilité de sa tâche, des risques associés à celle-ci et qu’il entend les assumer. Mais on découvre surtout, et finalement c’est de cela que parle le film, un attachement extraordinaire à la forme. Comme si, privé de pouvoir en nombre de domaines, la forme était ce qui pouvait garantir la tenue, la consistance, de ce qui reste.

 

 

En cela le documentaire montre quelque chose de cruel et d’inquiétant. Une forme d'impuissance digne, emmurée dans un cocon chargé d’histoire prestigieuse à l’architecture fastueuse et solide, ordonnée par la symétrie des lieux, la parfaite tenue des corps au service, les agendas, le protocole parfait. Tout cela donne une impression de maîtrise. Mais c'est une puissance symbolique d’où l’agir direct semble relativement absent.

 

 

Ce documentaire est intéressant et inhabituel. Voir un président en début d’exercice accepter des caméras sur son lieu de travail est surprenant et on se dit que ce dernier est tout sauf un président "normal". Le spectateur peut être frustré de ne « participer » qu’aux débuts de réunions pour voir ensuite les portes se clore et en être exclu. On aimerait évidemment assister à des débats plus importants plutôt qu’à de simples briefs. Mais ce qui est montré est déjà très intéressant et révélateur : Une forme particulière.

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