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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 21:59
Le Principe de Lucifer est un ouvrage de Howard Bloom édité au « Jardin des Livres ». C’est un livre au titre provocateur, curieux et dérangeant, une sorte d’expédition scientifique dans les forces de l’histoire.

Pourquoi  je publie ce CR sur un forum dont le thème majeur est l’hypnose ?

Pour au moins trois raisons :

- L’étude de l’hypnose ouvre et s’appuie sur un champ de « recherches »  immense et sans fin  (par exemple les neurosciences, la physiologie, la psychologie, le langage, l’influence, les thérapies brèves, qu’est ce que la réalité ?, l’Inconscient  etc… ). le Principe de Lucifer s’attache a démontrer les « ressorts cachés» qui selon l’auteur tendent à diriger « inconsciemment » les comportements animaux, humains et groupes d’humains, et offre donc un point de vue intéressant, que l’on soit d’accord ou non avec celui-ci, sur l’Humain.

- L’hypnose et l’autohypnose sont des moyens puissants pour apprendre à mieux se connaitre et cette recherche « du Graal » de la connaissance de soi importe à bon nombre d’entre nous. Le point de vue défendu par l’auteur est original, provocateur, et bien documenté. Il a au moins le mérite de faire réfléchir. Je crois que cette lecture permet  de mieux se comprendre et peut constituer une sorte de « mise en garde », un principe de précaution éveillé du type « un bon humaniste averti en vaut deux   ».

Alors qu’est ce que ce livre ?
L’ouvrage se lit facilement, un peu comme un volumineux roman d’investigation. De cours chapitres souvent au titre accrocheur (par exemple « L’indignation morale cache le désir de biens fonciers ») éveillent la curiosité et étayent par empirisme la démonstration que Bloom souhaite nous faire :

- Nous ne sommes que les cellules d’un super-organisme qui nous dépasse. La vie, la mort, la sélection, la violence, les pulsions sexuelles sont des processus naturels et n'ont rien à voir avec des notions de « bien » ou de « mal ». Ce sont des faits naturels. Notre corps lui-même voit vivre et mourir deux cent milliard de globules rouges par jour et c’est un processus qui maintient le corps en vie dans sa globalité, sans que le corps n’ait une quelconque conscience de l’une de ses cellules  en particulier. L’intérêt du super-organisme peut d’ailleurs  complètement différer de l’intérêt d’une cellule individuelle particulière. Les super-organismes tendent d'autre part à rentrer en compétition les uns avec les autres et à ingérer leurs « adversaires », asseoir leur suprématie.

- Les moteurs des super-organismes sont les idées, appelées mèmes.  Le même est au super-organisme ce que le gène est au corps. Les idées subissent aussi un processus de sélection.  Bloom explique de façon originale que les mèmes peuvent naitre infimes, rester dormants quelque temps, et prendre progressivement le contrôle d’un super-organisme, le coloniser. La où sa pensée est originale, c’est quand il dit que c’est l’idée qui colonise l’organisme et s’en sert. Pour ceux qui l’ont lu, le livre magistral de Richard Dawkins « Le gène égoïste » introduit cette idée de mèmes à travers la réplication des gènes.  La thèse de Dawkins serait que nous serions, être vivants évolués, des « véhicules à gène » agissant à notre insu pour la propagation maximale de des gènes qui nous composent. Bloom transpose cette idée aux mèmes et aux super-organisme.. (Ainsi les grandes religions actuelles sont des mèmes,  les grandes idées politiques communisme, capitalisme etc…).  Certains chapitres sont très intéressants en particulier ceux où des mèmes présentés comme belliqueux s’habillent élégamment des habits  propres  de la « Liberté », de « La Paix » et de « La Justice ».

- Bloom explique avec une démarche empirique, prenant de nombreux exemples historiques à témoin,  les guerres et les conflits idéologiques  à travers sa vision des super-organismes et avec le concept d’ordre de préséance.  Cette « ordre  caché » explique Bloom fait que quelque soit la taille de l’organisme vivant ou du super-organisme (pays, religion etc…) il y a toujours une lutte, parfois inconsciente, pour la domination. Un groupe d’animaux ou une classe d’écolier ont rapidement un « dominant » , un « faible » pris à parti par le groupe et le reste. Enlevez le « dominant » et le « faible », et, rapidement il y aura un nouveau dominant et un nouveau faible. Bloom dit que c’est un ressort caché de la Nature qu’il appelle « ordre de préséance ».  Chez les humains bien sûr, la Culture peut canaliser la Nature, mais enlevez un moment la Culture et la Nature revient au galop !

Bloom nous peint à l’aide de nombreuses anecdotes historiques et scientifiques passionnantes une réalité loin de la vision angélique  de Rousseau et du mythe du bon sauvage. Sa vision est celle d’un ange déchu comme Lucifer, ange rebelle victime de l’Ordre de Préséance  et puni pour s’être confronté et avoir tenté de prendre la place de son maitre, Dieu.
Pour conclure ce compte rendu du « Principe de Lucifer », vision très crue du réel, je crois que Bloom cherche à effectuer une mise en garde, humaniste, en parlant à ses lecteurs comme à des adultes à avertir.  On pourrait penser après lecture que l’enfer c’est peut être cette nature en friche dont l’humain, fait partie, et  qu’après « prise de conscience », il est de notre responsabilité  d’ « en faire » par nous même, après quelques révolutions intérieures, colonisation consentie par des mèmes choisis en conscience et sympathiques tels que l’humanisme ou l’écologie, autre chose qui ne soit pas un monde régit par les seuls principes démontrés, ce cocktail luciférien enfin compris et maitrisé dont les ingrédients sont les super-organismes, les mèmes et l'ordre de préséance.

Indépendamment du message de ce livre, auquel on adhère ou non, c'est un régal pour la culture générale, historique et scientifique.

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