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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 11:37

Annah Arendt est un bon film de la réalisatrice allemande Margarethe Von Trotta’s avec Anna Sukowa dans le rôle de la philosophe. Ce n’est pas un film sur la vie de la philosophe, ni malgré la présence de scènes du procès du criminel de guerre nazi d’Adolf Eichman à Jérusalem un film sur ce célèbre procès. Non, ce film traite de la quête de la vérité des faits envers et contre tout au risque de déranger les préjugés, le conformisme et les intérêts. C’est aussi un film qui montre le courage et la rigueur qu’exige la démarche philosophique, la difficulté de la raison à se faire entendre dans des environnements perturbés par les émotions.

 

 

En 1961, Annah Arendt qui est déjà une philosophe célèbre pour avoir écrit « Les origines du totalitarisme » décide d’assister au procès du criminel de guerre nazi Eichmann. Elle couvrira l’événement et écrira des articles pour le très réputé journal « The New-Yorker ». Annah Arendt a elle-même vécu en Allemagne, a été déportée et son œuvre a été fortement marquée par son expérience. En arrivant à Jérusalem où elle retrouve une partie de sa famille, elle découvre en assistant au procès l’homme Eichmann. Elle voit des procureurs faire le procès de la déportation et des camps de concentration, de la Shoah, mais malhabile à faire le procès de l’individu. Eichmann aux accusations se portant contre lui, se défend systématiquement, avec la rigueur d’un fonctionnaire borné expliquant qu’il n’était qu’un rouage intermédiaire d’une chaine logistique. Il était responsable des transports, essayait de faire son travail du mieux possible, avait juré par serment être fidèle au Führer et ne faisait somme toute qu’obéir à des ordres. Annah Arendt qui s’attendait à voir un monstre, enfermé pour la précaution dans une cage de verre, est stupéfaite : ce qu’elle voit là en réalité est un homme banal, un fonctionnaire borné, conformiste et dans l’incapacité de penser les raisons et les conséquences de son action. Elle en déduit, constatant la banalité de l’homme commun enfermé dans son conformisme, la banalité du mal. Elle semble aussi désolée que le procès ne soit pas le procès de l’individu et des vérités de fait le concernant.  Eichmann révèle par ailleurs que la collaboration de nombreux comités juifs aux rafles ont permis d’améliorer le processus de déportation.

 

 

De retour à New-York, Annah Arendt entreprend d’écrire ses articles pour le New-Yorker. Le comité éditorial les lit et pressentant les risques et la gêne provoquée à publier intégralement le reportage tente de convaincre Annah Arendt de supprimer certains passages, les plus gênants.  Celle-ci refuse et, courageusement, le New-Yorker les publie dans leur intégralité provoquant un séisme d’une ampleur inattendue.  Annah Arendt est insultée, traitée de collabo des nazis. Elle est menacée, perd certains de ces meilleurs amis et est même rejetée par sa famille en Israël.  On tente de la faire démissionner de son poste de professeur de philosophie à l’université, sans succès. Dans une conférence magistrale où elle entend s’expliquer devant les professeurs et les étudiants, elle défend ses thèses de la banalité du mal, de la source du mal dans l’incapacité à penser (c'est-à-dire s'interroger sur soi, sur ses actes, sur la norme) et la soumission absolue à l’autorité.

 

 

Eichmann est condamné à mort et pendu et Arendt dit qu’elle en est contente, qu’il méritait d’être condamné. Pour Arendt, il était coupable et impardonnable. Mais il a été mal jugé. Ses amis, reprochent à Arendt d’être « froide » et de ne pas verser dans l’émotion.

 

 

Margareth Von Trotta nous livre à travers ce film, un véritable cours de philosophie morale. Il est question de responsabilité, de faculté de juger, du mal, du courage et de l’incessant combat de la raison face aux émotions.

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